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Une rue entre l’avenue Alphonse-Chovet et l’avenue du Chemin-de-Fer, porte le nom de rue Bérenger, en souvenir d’un homme qui a rendu de grands services à la Ville de Compiègne.
Né le 18 avril 1828 à Grémévilliers, canton de Songeaons, M. Jules-André-Narcisse Bérenger avait appartenu longtemps à l’administration des Ponts et Chaussées et fut agent voyer principal dans les subdivisions d’Estrées-St Denis, Ribécourt et Compiègne.
Le 9 juillet 1876, une élection partielle le faisait entrer au Conseil municipal de Compiègne. Il fut ensuite réélu toujours au 1 tour de scrutin, en janvier 1878, janvier 1881, mai 1884, 1888, 1892 et 1900, cette dernière fois en tête de liste avec 1.970 voix.
Il était élu 2 adjoint quelques jours plus tard et conserva cette fonction jusqu’en 1904.
Pendant les 28 ans qu’il siégea au Conseil municipal, M. Bérenger n’avait manqué qu’une seule séance. Son assiduité allait de pari avec son dévouement et sa grande expérience des travaux de voirie. Il fut une des promoteurs du plan d’alignement de la ville et, par son action, il contribua à l’embellissement de Compiègne, à son hygiène et à sa salubrité.
Nommé administrateur des hospices en 1888, M. Bérenger était président de la Société de Secours mutuels La Fraternelle.
Cet homme bon, modeste et dévoué, devait périr d’une façon tragique.
Dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 mars 1907, alors que la foule sortait d’une représentation de « Carmen » au théâtre municipal, on entendit les appels du tocsin : un incendie s’était déclaré dans la maison de M. Bérenger, 45, rue Carnot. On s’émut d’autant plus que l’on savait M. Bérenger malade et presque agonisant.
Sa garde-malade, Mme Sézille, était au chevet du vieillard, dans une chambre au premier étage, lorsqu’elle sentit une chaleur insolite et perçut une odeur de fumée. Le rez-de-chaussée était en feu : l’incendie avait pris naissance dans le salon. Mme Sézille réveilla une cousine de M. Bérenger qui occupait une chambre voisine, et une autre dame. Toutes trois sortirent, à demi vêtues, pour donner l’alarme.
Les voisins accoururent, mais il était impossible d’entrer dans l’immeuble où les flammes gagnaient rapidement. M. Marlier, agent de police, tenta de combattre le feu, avec les voisins, tandis que M. Pierre Flameng, garçon de café, courait à l’hôtel de ville faire sonner le tocsin.
De nombreux Compiégnois avaient répondu à cet appel. Mais comment parvenir à la chambre où M. Bérenger était alité et incapable de se mouvoir.
Ne pouvant pénétrer par le rez-de-chaussée en flammes, on dressa des échelles et l’on s’attaqua à tous les volets. On explora plusieurs chambres sans trouver celle où agonisait le vieillard.
M. Butin, peintre, chercha une issue du côté du jardin. A l’aide d’une échelle, il put entrer au 1 étage et découvrit la chambre où était M. Bérenger. Grimpant avec une échelle, par la façade en feu, M. Ernest Levéziel, imprimeur, vint à l’aide. Lui et M. Butin tentèrent de sortir de son lit M. Bérenger, inerte, et de le descendre par la fenêtre. Ils parvinrent à le placer le long de l’échelle, où ils le remirent entre les bras de M. Auguste Boyenval, vice président des Sauveteurs de l’Oise, et de M. Fournier Sarlovèze, maire de Compiègne.
Le malade fut transporté chez un voisin, M. Bonnefoy, où le Dr Tournant vint lui donner ses soins.
Les pompiers, les gendarmes et les soldats du 54 R.I. avaient combattu l’incendie et, après deux heures d’efforts, s’étaient rendus maîtres du feu.
M. Bérenger succombait dans la matinée du mercredi, et ses obsèques eurent lieu le vendredi 22, en l’église Saint-Antoine. Sur sa tombe, M. Caplémont, au nom de l’Amicale des Conducteurs des Ponts et Chaussées ; M. Fournier-Sarlovèze, maire de Compiègne, et M. Bourdon, conseiller municipal de Grémévilliers, rappelèrent les mérites du défunt et les services qu’il avait rendus.
On s’était efforcé de sauver les papiers de M. Bérenger. Parmi eux, on trouva un grand nombre d’enveloppes de deuil avec les adresses des destinataires. Le vieillard avait soigneusement préparé les enveloppes de ses propres billets de décès, classées par rues pour la ville de Compiègne et par cantons pour les autres localités.
La mort de M. Bérenger avait causé d’unanimes regrets dans la ville et il est juste qu’une rue rappelle le souvenir de cet homme de bien pour qui nous avions une grande vénération.
Jacques Mermet.

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