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Le nom de cette rue rappelle les fastueux spectacles militaires qui se déroulèrent autrefois à Compiègne. Ces camps ont été célèbres. Leur histoire a été écrite et M. de Juzancourt l’a rapportée dans un travail d’une documentation précise et complète.
En mars 1666, Louis XIV avait résolu de réunir à Compiègne les troupes destinées à faire la campagne des Flandres. Ce camp groupait 19 bataillons et 31 escadrons. Le roi, la reine, Madame Henriette d’Angleterre, duchesse d’Orléans, présidèrent la revue des troupes qui avaient à leur tête Turenne, avec le duc de Coislin comme mestre de camp général.
Un autre camp eut lieu en 1698, en l’honneur du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, qui venait d’épouser Marie-Adélaïde de Savoie. Une magnificence inouïe fut déployée à l’occasion de ce camp. Le duc de Bourgogne en était généralissime, et le maréchal de Boufflers, commandant en second. Parmi les généraux qui étaient à la tête des troupes, on remarquait les noms des plus illustres des armées françaises : Villeroy, Créquy, Crenan, Gassion, d’Artagnan, Marsin, d’Humières, etc…
Louis XIV arriva à Compiègne le 30 août, avec toute sa cour. Le 7 septembre, il passait la revue des troupes avec l’ex-roi d’Angleterre, Jacques II.
Saint-Simon a longuement écrit sur ce camp pendant la tenue duquel eut lieu la présentation officielle de Mme de Maintenon comme favorite-reine.
Le camp de 1698 avait attiré une foule immense de curieux. Les villages et les fermes, à quatre lieues à la ronde, étaient envahies par les visiteurs qui n’avaient pu trouver à se loger à Compiègne. Les gazettes, les livres, le théâtre célèbrèrent le faste de ce camp et les récits qui en furent faits émerveillèrent toute l’Europe.
En 1739 eut lieu à Compiègne un camp dans lequel le principal rôle était réservé à l’artillerie. Le 29 avril « Royal Artillerie » de La Fère venait camper dans la plaine entre Choisy et Compiègne, qui est devenue le quartier Bellicart. Des fortifications y furent aménagées avec le concours des bataillons de la milice, de Soissons et de Senlis. Louis XV visita ce camp à plusieurs reprises avec la reine, le Dauphin, le duc de Penthièvre, le duc de Chartres, M. de Harlay, intendant, M. d’Angivillers, etc…
Un capucin, le Frère Philibert, expérimenta un système de lancement de bombes de son invention. Les artilleurs de La Fère quittèrent la plaine de Choisy le 28 juillet.
D’autres camps, auxquels assista Louis XV, eurent lieu à Compiègne en 1750, 1753, 1765. Ce dernier, destiné surtout à la cavalerie et à l’artillerie, se tint du 10 au 29 juillet. Le roi, la reine, le Dauphin, le comte d’Artois, le duc de Choiseul, assistèrent à la revue des troupes, passée à Royallieu. Il y eut un camp à Compiègne, en 1766, du 17 août au 27 septembre, et trois camps successifs d’infanterie et un de cavalerie, en 1767. A ce dernier, la revue fut passée par le roi le 19 juillet.
Un camp réuni à Compiègne en 1803, sous le commandement de Ney, fut transféré peu après à Montreuil-sur-Mer. En 1805, un autre camp servit à organiser les brigades de dragons.
La tradition des camps de Compiègne reprit avec Louis-Philippe. Le camp de 1833 réunissait 7.000 hommes, sous le commandement du duc d’Orléans. En 1834, un camp d’instruction, ouvert le 23 août, fut levé le 6 octobre. En 1836, un camp réunit 25.000 hommes et 5.000 chevaux. Ces troupes campèrent en partie route de Paris et, l’autre, dans la plaine de Choisy. Le parc des équipages était installé près des Quatre-Cheminées.
A l’occasion du mariage du duc d’Orléans, un camp se tint à Compiègne, en 1837. En 1841, un camp se termina, le 26 septembre, par une revue au cours de laquelle le roi procéda à une remise de drapeaux à 16 régiments.
Le dernier camp de Compiègne eut lieu en 1847, sous le commandement du duc de Nemours. Deux divisions manœuvrèrent, l’une sous les ordres du général Aupick, beau-père de Baudelaire, l’autre sous les ordres du général Mangin. La plupart des nations étrangères y avaient envoyé des attachés militaires et le roi y reçut, le 23 septembre, une ambassade du Schah de Perse.
On le voit, ces camps font partie de l’histoire de Compiègne et il était bon que leur souvenir fut rappelé par le nom d’une rue.

Jacques Mermet.

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