Roscelin de Compiègne (1050-1121), dont tous les philosophes médiévistes connaissent le nom, est peu étudié, d’abord en raison du petit corpus de première main qui nous est parvenu (une lettre de la fin de sa vie, dans laquelle il se défend des accusations portées contre lui par son ancien élève Abélard), ensuite parce qu’il est connu à travers des écrits d’adversaires (Anselme de Cantorbéry, notamment). Il lui fut surtout objecté : il est faux que « 3 = 2 + 2 », et « il n’est pas possible que Dieu fait homme mange, en mangeant une partie d’un poisson, une partie du vocable “poisson” ». Ces arguties montrent qu’on prêtait à ses thèses des conséquences qu’il ne pouvait soutenir. L’importance de R. dans l’histoire des idées est pourtant cardinale, dans ce que l’on nommera la querelle des universaux (seuls les individus existent-ils, ou bien les essences de choses ont-elles une réalité ?). On s’essaiera samedi à reconstituer sa pensée, et les problèmes qu’elle posa à ses contemporains philosophes et théologiens.
Hôtel de ville de Compiegne, Salle du Conseil municipal