Présentation rapide de la commune
Commune de l’ARCBA (Agglomération de la Région de Compiègne et de la Basse Automne).
Jonquières est un village (de 602 habitants en 2019) situé sur la rive droite de l’Oise à 3,5 km de la rivière à vol d’oiseau, à une douzaine de kilomètres à l’ouest de Compiègne, s’étendant sur 732 hectares, à une altitude comprise entre 55 et 157 mètres.
Jonquières a été d’abord un village agricole aux cultures variées, ce qui s’explique par la nature des sols et l’exposition, avec ses traditions locales – jeu d’arc, choule. Sa proximité avec l’autoroute A1 et Compiègne, son environnement boisé, ont permis au village, tout en gardant son caractère bucolique, de devenir dans le courant du XXe siècle un endroit résidentiel, avec ses maisons de briques aux toits de tuiles. Son cadre de vie lui a permis d’obtenir en 2016 et de conserver le niveau “3 fleurs” dans le label “Villes et villages fleuris”.
Entre la vallée de l’Oise et la plaine d’Estrées-Saint-Denis, Jonquières bénéficie d’un environnement boisé. Des collines l’entourent au nord-est avec le mont d’Huette (150 mètres), et au sud-ouest avec le mont Hart (125 mètres). Ces buttes, du point de vue géologique, montrent à la base des sables dits de Bracheux (réservoirs d’une nappe aquifère), surmontés d’argile à lignite et de sables, avec une couche de calcaire grossier au sommet.
Le nom de Jonquières apparait au XIIe siècle et se justifie par l’existence d’un sol humide où se multiplient les joncs.
Ces terrains accidentés ont permis des travaux géodésiques sur le mont Clergé. L’astronome Delambre a effectué des mesures de triangulation en vue de mesurer la longueur du méridien de Paris. En 1820 une mire est implantée sur la “montagne” entre le dernier moulin du village et la maison du meunier. Depuis 1996 existe à son sommet un réservoir d’eau potable distribuant celle-ci aux communes environnantes.
La présence d’argile explique les constructions en briques aux toits de tuiles, qui ont remplacé au XIXe siècle les masures en torchis aux toits de chaume.
Sur les coteaux bien exposés se trouvaient des vignobles (30 hectares en 1831). Comme pour le village de Jaux, on y produisait un vin de qualité médiocre. On y trouvait aussi des vergers de poiriers, de pommiers et de cerisiers.
Dans les parties basses étaient cultivés des céréales, des haricots, de la luzerne, des pommes de terre et du chanvre. Au XIXe siècle, quelques artisans tissaient la toile de chanvre ; on faisait rouir ce chanvre dans l’Oise toute proche ou dans des fosses humides appelées « routoirs ».
Sur les sols sableux, étaient cultivés les carottes et les oignons. On affinait dans certaines caves le fromage du Meux. Les gisements de lignites pyriteuses (cendrées) fournissaient de l’engrais.
En 1914 il y avait encore 30 cultivateurs, mais seulement 7 en 1980. De nos jours, il reste encore une ferme à l’entrée du village en venant du Meux (à la place de l’ancien château). Cette ferme dite de la “Bouriquette” est une ferme-école de chevaux.
Jonquières est occupé par l’homme depuis le quatrième millénaire avant J.C. Des fouilles ont été faites en 1938 par M. Hémery, puis entre 1968 et 1971 par Jean-Claude Blanchet et M. Petit à l’extrémité orientale du plateau boisé du mont d’Huette. Elles ont révélé des zones d’habitation du Chasséen (Néolithique moyen). Cet habitat près d’une petite source dite de la Fontaine Gellée présentait une situation privilégiée avec vue panoramique sur la vallée de l’Oise. Un outillage y a été découvert, riche en grattoirs, tranchants, burins et ciseaux. On y trouve des céramiques variées (coupes, assiettes, vases divers, cuillères, louches…), des parures, des os d’animaux, des vestiges humains (mâchoire inférieure d’un enfant de 7 à 9 ans).
L’histoire de Jonquières est partiellement connue. Son terroir appartient pour partie au domaine royal (on connait une charte communale donnée par Louis VII), pour partie au seigneur du Fayel, et pour partie à l’abbaye Saint-Corneille de Compiègne (le prieuré de Bouquy, actuellement sur la commune de Jaux, se trouvait sur le territoire de Jonquières).
Divers seigneurs y ont possédé des fiefs au cours des siècles. Parmi ceux-ci, Charles de Dampierre de Jonquières (1500-1556) qui se convertit au protestantisme. Un de ses héritiers, Jacques de Dampierre, hérita en 1665 de la seigneurie, mais suite à la révocation de l’Édit de Nantes en 1685, il abandonna sa patrie pour la Hollande. Une de ses parentes, ayant abjuré le protestantisme, réintégra ses biens. Une de ses descendantes épousa un gros propriétaire terrien. Une ferme et un lieu-dit “Le château” sont les derniers témoins de cette propriété.
L’église Saint-Nicolas, qui date de la fin XIIe– début XIIIe siècles, classée monument historique en 1920, est le bâtiment le plus ancien de Jonquières. Après la Guerre de Cent Ans, elle est reconstruite et de nouveau consacrée en 1552. Le portail réparé en 1762 grâce à une parente des Dampierre portait autrefois les armes de cette famille.
De 1807 à 1834, l’église n’a plus de curé et se dégrade. En 1834, l’abbé Théodore Cyrille Deligny, tout juste ordonné prêtre, est nommé curé de Jonquières. Il est né à Francières dans une famille modeste de cordonniers. Après avoir enseigné au collège de Noyon, il entre au Grand Séminaire de Beauvais. Il trouve à Jonquières une église qui ressemblait, écrit-il, à une étable. Il va s’employer à la restaurer et à l’embellir. Il entreprend alors de la doter de vitraux ; autodidacte, il confectionne ces vitraux à partir de verres de récupération colorés dans la masse. Par leurs formes géométriques simples (carrés, triangles, losanges, cercles), leurs couleurs vives, ils sont l’expression d’un art naïf et sont considérés comme précurseurs de l’Art Nouveau. L’ensemble évoque l’Histoire Sainte ; les scènes bibliques sont choisies dans un but pédagogique ; l’abbé voulait frapper les consciences de ses paroissiens en leur expliquant les textes sacrés, non avec des mots (en 1830 les individus sachant lire et écrire représentaient 3% de la population), mais avec des images. Les couleurs ont une valeur culturelle (le blanc, symbole virginal et de la Foi, le vert symbole du monde végétal qui meurt et renait, le violet, passage de la vie à la mort, le rouge évoquant l’esprit Saint et la Passion, le jaune, symbole de la Gloire…) Grâce à l’abbé Deligny, les fidèles lisaient au travers de l’image.
Actuellement l’église Saint-Nicolas n’est plus une paroisse indépendante, mais est affiliée à la paroisse des seize Bienheureuses Carmélites de Compiègne.
Le Carmel de Jonquières est situé à l’entrée du village, en bas du mont d’Huette, en venant de Jaux. Il a été inauguré les 7 et 8 mars 1994, pour le deuxième centenaire de la mort des Carmélites de Compiègne, guillotinées durant la Révolution place de la Nation à Paris. Actuellement douze sœurs y mènent une vie contemplative. En plus de leurs travaux de jardinage, les sœurs ont un atelier d’imprimerie. Quatre chambres permettent de recevoir des personnes désireuses d’effectuer une retraite.
Une chapelle est ouverte au public, avec une crypte et un petit musée retraçant l’histoire des Bienheureuses, et divers objets leur ayant appartenu. Dans la crypte est vénérée la statue de la Vierge que les sœurs martyres ont baisée au pied de l’échafaud.
Odile Dufau, professeure agrégée.
Site Internet de la mairie
Documents présents ailleurs sur le site “Histoire de Compiègne”
Cliquez ici pour avoir accès aux documents autres que la présente page.
Archives départementales de l’Oise
Un certain nombre d’archives sont numérisées et consultables sur Internet (cliquer ici) : état civil, recensements, registres matricules, cartes et plans, etc.
On peut aussi, sur place, à Beauvais (71 rue de Tilloy), consulter (gratuitement) les documents non numérisés. Ceux-ci, regroupés par dossiers cotés, sont très nombreux… On peut se faire aider dans ses recherches par le ou la responsable de la salle de consultation, mais on peut également préparer sa venue en consultant auparavant, sur Internet, les inventaires qui sont numérisés (cliquer ici).
À noter que de nombreuses communes de l’Oise ont déposé à Beauvais une partie de leurs propres archives (cliquer ici pour voir la liste des cotes des dossiers communaux). Mais de nombreux autres documents concernant les communes sont disséminés dans les dossiers des diverses séries.
Un petit guide intitulé « Retracer l’histoire d’une commune » est proposé sur le site des Archives de l’Oise (cliquer ici).
BNF (Bibliothèque Nationale de France)
La BNF a mis en ligne, dans sa base dénommée Gallica, de très nombreux documents ; ceux relatifs à une commune donnée peuvent être listés en utilisant son moteur de recherche, mais il est souvent difficile de s’y retrouver parmi les résultats qui s’affichent. On peut aussi passer par un sous-ensemble de Gallica consacré au département de l’Oise (cliquer ici).
Voici les liens vers quelques documents concernant Jonquières :
– Notice historique et statistique sur les communes de l’arrondissement de Compiègne, par Émile Coët, 1883.
– Essais historiques sur les cantons d’Attichy, Compiègne, Estrées-Saint-Denis et Guiscard, par J.E. Mermet, 1907.
Autres documents numérisés
– Manuscrits et dessins de J.A.F. Léré, conservés à la bibliothèque Saint-Corneille de Compiègne, 1813-1828 (34 pages).
– Extrait du Précis statistique sur le canton d’Estrées-Saint-Denis, de Louis Graves, 1832 (p. 46-47).
– Album de Daniel Debeaume (cartes postales, photos, et divers documents anciens) : cliquer ici pour y accéder.
– Église Saint-Nicolas de Jonquières (site “Eglises de l’Oise”).
– L’église Saint-Nicolas de Jonquières et les vitraux de l’abbé Deligny (document Wikipédia).
– Page sur l’abbé Deligny (site de la mairie de Remy).
– Le carmel de Jonquières.
Document non numérisé
- Vitraux de l’abbé Deligny : bulletin n° 119/120 (2004-2005) du GEMOB (Groupe d’Etude des Monuments et Oeuvres d’Art de l’Oise et du Beauvaisis).