On découvre autour de Saint-Jean-aux-Bois quelques hameaux dont l’histoire mérite d’être rapportée.
Pour approfondir, on peut consulter par exemple :
– les manuscrits et dessins de J.A.F. Léré, conservés à la bibliothèque Saint-Corneille de Compiègne, 1814-1827 (67 pages).
– Promenade dans la foret de Compiègne (cartes postales commentées).
- La Brévière
Le hameau se nommait Brueria (la Bruyère) en 1177. Elle se forma autour d’une maison de chasse royale, destinée à la mue des cerfs et des daims. construite en bordure de la route de Morienval ; Philippe Ier y aurait fait bâtir un manoir où il séjourna quelquefois. Ce fut au XVIIe siècle une dépendance de l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, à Compiègne. Une vaste demeure fut construite par Ernest de Roye, ministre de la Justice en 1851. En 1929 un banquier suédois, Olof Aschberg, en devint le propriétaire et son épouse fonda l’association Halmar Branting. Cette association mettra la maison à la disposition du Comité Français de “l’Union Internationale de Secours aux Enfants” patronnée par la Croix-Rouge, afin de permettre aux enfants réfugiés allemands et espagnols de suivre une scolarité à La Brévière. Puis elle fut cédée au syndicat Force Ouvrière, avant d’être lotie en appartements.
– Blog de La Brévière, rédigé par Jean-Luc.
- Malassise
Le petit hameau de Malassise se constitua autour d’un moulin à eau qui appartenait à l’abbaye de Royallieu, avant de revenir à celle de Saint-Jean en 1634. Les habitations actuelles ont été élevées à la fin du XVIIIe siècle. A l’extérieur du hameau, la maison de santé Béthanie fut fondé par le pasteur de l’Église Réformée, André Hammel (1894-1967), devenu docteur en psychiatrie.
– Blog de Malassise, rédigé par Jean-Luc.
- Saint-Nicolas-de-Courson
Selon les spécialistes de toponymie, Courson pourrait venir du celtique Corcodunum, signifiant la colline du Dragon. Ce nom pourrait s’appliquer à une hauteur voisine du vallon de Saint-Nicolas, peut-être l’actuel Four-d’en-Haut. Mais on peut y voir aussi le nom d’un ancien propriétaire nommé Curtius.
C’était une station sur la voie romaine de Senlis à Soissons, dite chaussée Brunehaut. Près de Saint-Nicolas, des fouilles effectuées entre 1860 et 1870 ont montré l’existence d’un vicus et de thermes.
Un diplôme de Charles Le Simple, daté de 920, nous fait connaitre le village médiéval de Roy, qui fait suite à ce vicus gallo-romain. L’étymologie du nom de Roy n’aurait rien à voir avec un domaine royal, mais viendrait plutôt de ritum, signifiant gué, ce que confirmerait la présence de trois moulins à eau. Ce devait être un village assez important puisqu’on y trouvait une église, une chapelle et trois moulins à farine. Il se serait situé le long du ru de Saint-Nicolas et à proximité du hameau actuel, où l’on a découvert en 1970 des fours à céramique vernissée du XIe et XIIe siècles.
Ce village s’étendait aux confins de Morienval et de Saint-Jean-aux-Bois, et disparut soit à la fin du Xe siècle, soit plutôt entre 1108 et 1131. C’est là que devaient se trouver les bénédictines qui, trop mal logées après la destruction du site, furent installées en 1152 par Adélaïde de Maurienne, veuve de Louis VI le Gros, dans la Maison de Saint-Jean, dite auparavant Maison de Roy. L’église paroissiale de Roy était sans doute dédiée à Saint-Jean-Baptiste, d’où le patronyme adopté par la nouvelle abbaye, dite de Saint-Jean-aux-Bois. Un prieuré fut établi dans le vallon et dédié à Saint-Nicolas dont le patronage se répandit en Occident après la première croisade. En 1310, le prieur obtint la confirmation de l’usage du bois à bruler et le droit de pâturage dans la forêt. Cette petite communauté fut longtemps prospère. C’est elle qui creusa un étang à l’entrée du chemin, en 1545, comblé au XVIIIe siècle
En 1632, le prieuré fut réuni à l’abbaye tourangelle des bénédictins de Marmoutier. Le prieuré Saint-Nicolas, déserté, se réduisit à une ferme, et le prieuré, à un bénéfice simple. Un prince de Rohan en porta le titre au milieu du XVIIIe siècle. Le dernier prieur, René Le Vittoux, aurait été victime des massacres de septembre 1792.
La ferme appartint longtemps à la famille Debrie et elle comprenait une maison des terres et des prés. Au XVIIIe siècle, il y eut là un véritable hameau de bucherons. Au début du XIXe siècle, il restait encore plusieurs maisons habitées, mais aujourd’hui, en dehors de l’enclos de l’ancien prieuré, il n’y a plus qu’une petite maison rustique, longtemps résidence secondaire de la famille Lanoë.
Le prieuré déclaré bien national fut acquis par Troussel, secrétaire du comité de salut public de Compiègne. Il le revendit en 1816 à la liste civile. Les murs de l’enclos furent détruits en 1822, et on y installa un poste forestier à l’emplacement du chœur. Classé monument historique en 1905, l’édifice fut sauvé dans les années 20 par l’architecte en chef Collin. Le sculpteur Georges Muguet (1903-1988) habita la nef depuis 1937 jusqu’à sa mort.
Bien que proche de Saint-Jean-aux-Bois, le prieuré fait partie de la commune de Morienval.
Pour approfondir :
– Bénitier de pierre trouvé à Saint-Nicolas de Courson (PV de la Société historique de Compiègne, 1895).
– Fragment de statue trouvée à Saint-Nicolas de Courson (PV de la Société historique de Compiègne, 1895).
– Le prieuré de Saint-Nicolas de Courson (site “Églises de l’Oise”).
– Précis statistique sur le canton de Crépy-en-Valois, arrondissement de Senlis (Oise), par Louis Graves, 1843.
- Le prieuré Sainte-Périne
L’origine de ce nom reste confuse. Certains le rapprochent de Pétronille, peut-être en souvenir de reliques de cette sainte, ou du nom d’une abbesse de Saint-Jean de la fin du XIIe siècle. Le site apparait comme étant l’ermitage du Frère Baudouin auquel le roi avait accordé en 1228 une rente en échange d’entretenir un prêtre et d’y effectuer des messes. L’ensemble, chapelle, ferme et maisons d’habitation, est appelé fief de l’Hermitte. En 1286, Philippe le Bel le donna aux chanoinesses augustines, dites “les nonains de Compiègne”. Les bénédictines de Saint-Jean-aux-Bois succédèrent aux augustines vers 1304 et les augustines s’installèrent dans un couvent compiégnois de Saint-Jean-hors-des-murs ou Saint-Jean-des-Vignes, situé dans le faubourg Saint-Germain, près de la Porte de Paris. Elles récupérèrent Sainte-Périne de 1596 à 1626, puis elles quittèrent la région de Compiègne en 1645, pour partir à la Villette en banlieue nord de Paris. En 1640, peu avant leur départ de notre ville, les augustines vendirent leur domaine forestier qui passa en 1647 à une branche de l’importante famille compiégnoise des Le Féron, qui devinrent ainsi “les seigneurs de l’Hermitte”. Le hameau se composait au XVIIIe siècle de la chapelle et de ses bâtiments annexes, ainsi que d’une cour comprenant neuf ménages. La Révolution nomma ce lieu Maison Estave, du nom de Charles-Laurent Estave, garde-marteau (officier des Eaux et Forets, chargé de marquer les arbres à couper) depuis 1765, qui l’avait acquis des Le Féron en 1788. Un ancien capitaine forestier, Alexandre Calabre de Breuzé, acheta le domaine en 1812 et y planta un jardin anglais aux essences exotiques. Dès 1813, il embellit le site en faisant creuser l’étang traversé par le ru de la Brévière, à l’emplacement de la cour des bûcherons, en y plantant des platanes. Les gendres de Calabre revendirent à Charles X l’enclos de la chapelle et l’étang, soit six hectares, et Sainte-Périne devint alors un poste forestier. C’est peu avant la guerre de 1939-45 que furent détruits les hangars et les étables qui s’appuyaient sur la chapelle. A proximité se dresse une propriété qui appartint à Clément-Bayard, maire de Pierrefonds de 1914 à 1919, à l’emplacement de l’ancien hameau de l’Hermitte. L’actuel poste forestier est constitué d’une solide construction du XVIIIe siècle qui prolonge la chapelle dont ne subsiste qu’une seule travée. Son décor semble prouver qu’elle est contemporaine de l’abbatiale voisine de Saint-Jean-aux-Bois.
Jean-Pierre Duterne, d’après “A la découverte des forêts“, de François CALLAIS monographie de la Société historique de Compiègne n°3 – 1998.
Pour approfondir :
– Le prieuré de Sainte-Périne (site “Eglises de l’Oise”).
– Étude sur Sainte-Périne, par Paul LAMBIN – 1904.
– Blog de Sainte-Périne, rédigé par Jean-Luc.
– Le monastère de Sainte-Périne, par le chanoine MULLER.
– Notice historique et archéologique sur Sainte-Périne, par le Dr BRESSET.
- Le Four-d’en-Haut
Le hameau du Four-d’en-Haut est situé sur le plateau de la Garenne du Roi, dont la bordure, nommée “les Petits Monts” domine le vallon de Saint-Nicolas-de-Courson et de la voie romaine, la chaussée Brunehaut, appelée à cet endroit Chaussée du Roi. Juste en contre-bas se situe une implantation gallo-romaine, au lieu-dit de la Carrière du Roi. Rappelons que toutes ces références toponymiques au Roi révèlent l’existence d’un ancien village disparu sans doute au début du XIIe siècle, celui de Roy, succédant au site antique de Redum.
Ce hameau comprend un grande quantité de caves et de carrières où l’on filait le chanvre récolté aux alentours. Les bûcherons y étaient nombreux. Aujourd’hui encore, un puits profond de 40 mètres fournit une eau abondante. Du manoir seigneurial, il ne reste plus que quelques contreforts et surtout une tour du XIVe siècle. En face, une fontaine du XVIIIe siècle.
Le nom du hameau provient de l’implantation d’un four à verre au début du XIVe siècle, connu par une charte de Charles IV le Bel. Les fours se répartissaient entre La Fortelle et Saint-Jean-aux-Bois.
Une des familles les plus connues de gentilhommes-verriers, œuvrant notamment au Four-d’en-haut, fut celle des Caqueray, dite aussi Coquerel. Philippe de Caqueray perfectionna notablement la technique de fabrication de verre plat utilisée pour les vitres et la peinture sur verre. Cette industrie fut poursuivie par Raymond sous Charles VI et Oudin sous Charles VII. Les fours utilisaient le sable blanc extrait de bancs situés à Saint-Sauveur, et de bois de la forêt. C’est sans doute la déforestation qui en résulta qui amena la disparition de ces fours. En 1532, François Ier révoqua la concession d’usage des gentilhommes-verriers, leur reprochant la consommation excessive de bois. Bien que proche de Saint-Jean-aux-Bois, le hameau du Four-d’en-Haut fait partie de la commune de Morienval. - Vaudrampont
Appelé Baudrampont au XVIIe siècle, ce domaine appartenait au sieur de Beauregard, lieutenant du Roi au gouvernement de Laon. Ce serait “Le Four d’en Bas”, emplacement d’un atelier de verrerie dont on retrouve les traces le long du chemin des prés de Saint-Jean. Au XVIIIe siècle, c’était un relais de poste et une auberge qui perdurera jusque dans les années 1970. Le poète Léon Devauchel qui habitait Saint-Jean l’avait baptisée “Au bon Accueil“. Les chars à bancs y transportaient les promeneurs et les touristes du début du XXe siècle, qui déjeunaient, par beau temps, sous la voute de verdure, de l’autre coté de la route de Crépy, alors bien paisible. A coté se trouve une grande villa, construite par Louis de Royer, qui est décorée d’un médaillon de Jeanne d’Arc. Partie de Crépy au soir du 22 mai 1430, celle-ci traversa la forêt pour venir au secours de “ses bons amis de Compiègne”, avant de se faire prendre dans l’après-midi du 23.
- Le “vicus” gallo-romain de la Carrière du Roi
Ce village gallo-romain s’étend sur 5 hectares de part et d’autre de la chaussée Brunehaut, qui reliait Senlis à Soissons, en contre bas du plateau où se situe le hameau du Four-d’en-Haut, et en surplomb d’un marais. Il a été fouillé par A. de Roucy entre 1861 et 1870, puis par J.B. Choron dans les années 1960-70 ; les constructions dégagées sont disposées en bordure de la voie. Ce vicus semble être un hameau agricole servant de relais. Toute la longueur de la voie est bordée d’habitations, et à l’extrémité sud, se situe le relais, au nord des thermes.