Entre juillet 1941 et février 1943, jusqu’à 230.000 soldats italiens se battirent dans les plaines ukrainiennes et russes à côté de leurs alliés allemands. Ce qui au départ avait été présenté quasiment comme une promenade militaire, dans le sillon des premières victoires faciles de la Wehrmacht, se termina par une épouvantable tragédie. Dans le contexte de la gigantesque bataille de Stalingrad, une partie du front se brisa face aux massives attaques soviétiques et, à partir de décembre 1942, les colonnes de soldats de l’ARMIR (Armata Italiana In Russia), en pleine déroute, mélangés à des allemands, des roumains et des hongrois, entamèrent une retraite dantesque, à pieds, par des températures de moins quarante, sans cesse harcelés par l’ennemi. Pour ceux qui furent faits prisonniers, le cauchemar devait continuer, ils moururent par dizaines de milliers dans les camps de concentration soviétiques, de maladie, de malnutrition ou de congélation. Au total on comptabilisera sur une quarantaine de jours environ 85.000 morts et disparus : jamais, au cours de son histoire, le Regio Esercito n’avait connu de telles pertes au cours d’une seule bataille. Cette catastrophe marqua un tournant pour l’Italie qui se trouva pour ainsi dire sans armée lorsque les Alliées débarquèrent en Sicile en juillet 1943, ce désastre faisant suite à ceux de Grèce, d’ Afrique Orientale et d’Afrique du Nord. Les relations entre les deux puissances de l’Axe, très déséquilibrées dès les débuts de la guerre, avaient finalement abouti à une totale subordination militaire et diplomatique de l’Italie à l’Allemagne. Ce processus de vassalisation s’achèvera à l’automne 1943 par la création du régime fantoche de la Repubblica Sociale Italiana, prélude à une guerre civile .
Le souvenir de cet épisode historique est largement ignoré en France mais reste très vivant en Italie, entretenu notamment par les mémoires de certains survivants qui ont connu un succès d’édition et de critique extraordinaire.
Salle Le Chatelier – bibliothèque Saint Corneille de Compiègne