“”La seconde partie de la guerre de Cent Ans a vu de considérables innovations dans la manière de se battre : il existe une tactique française, mise en évidence par le professeur Bertrand Schnerb pour la bataille de Bulgnéville en juillet 1431, mais que l’on voit également appliquée à Azincourt en octobre 1415 et à Verneuil en août 1424. Le problème est qu’elle ne fonctionne qu’une fois sur quatre, mais elle peut être très meurtrière pour l’ennemi. Il y a aussi une tactique anglaise, la Herse, qui est bien connue et que les Français utilisent parfois aussi, comme à Montépiloy en août 1429. Du point de vue stratégique, les choses sont moins claires, mais il semble que les Français utilisent le coup droit vers leur objectif, tandis que les Anglais usent de larges mouvements enveloppants pour mieux protéger leurs flancs. Mais au moment du siège de Compiègne de mai à octobre 1430 les Français ont surpassé les Anglais et les Bourguignons dans leurs utilisation du mouvement. On verra à qui on peut attribuer la mise au point de cette stratégie. Enfin, la prise de villes peut s’appuyer sur la surprise, le siège, voire l’assaut appuyé par l’artillerie, et de ce point de vue, les Français semblent avoir bien mieux compris que les Anglais l’usage qu’ils pouvaient faire de leurs canons, usage parfaitement illustré par la prise de Pontoise en septembre 1441. L’armée française est alors au sommet de sa technicité, et la reconquête, qui dure jusqu’en 1453, ne sera ralentie que par des causes extérieures : complots, scandales financiers, renversements d’alliance, voire retours offensif des Anglais.“
Olivier BOUZY est docteur en histoire médiévale et historien médiéviste français,l’un des grands spécialiste de Jeanne d’Arc ; il travaille au Centre Jeanne d’Arc à Orléans. Il évoquera lors de cette conférence le siège de Compiègne de mai-octobre 1430, au cours duquel Jeanne d’Arc fut faite prisonnière.
Salle du Cloitre – Bibliothèque Saint-Corneille