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Carlopolis, devenu Compiègne, ne sera fondé par l’empereur Charles le Chauve qu’à la fin du IXe siècle, éphémère « capitale » d’un empire carolingien ébranlé et bien des siècles passeront encore avant de voir grandir au bord de l’Oise une véritable cité. Toutefois le territoire de Compiègne dans l’Antiquité apparaît privilégié.

Le temple de Champlieu (aquarelle de F. Martinuzzi)

La confluence de rivières anciennement navigables, l’Aisne et l’Oise, la fertilité de la plaine, l’évolution du massif forestier, entraînent une occupation relativement dense dès le Paléolithique récent. La présence de l’homme préhistorique est ainsi attestée au “Buisson Campin”, à Verberie, vers 12 000 av. J.-C., où ont été découverts, sur les bords de l’Oise, les vestiges d’un campement de chasseurs de rennes.

Au IVe millénaire avant notre ère, la révolution néolithique permet la création des premiers villages à proximité de la rivière, premières occupations permanentes d’éleveurs et d’agriculteurs. Au sud de Compiègne, entre l’usine Bourgeois-Chanel et le nouveau pont, le site dit du “Coq galleux” fut occupé, deux à trois siècles, par un vaste “camp” entouré d’une enceinte de bois ellipsoïdale. Au Hazoy, à trente mètres au sud du camp, s’élevait, vers 3 000 av. J.-C., une importante sépulture collective sous forme de cabane funéraire de pierre et de bois. Un peu avant le milieu du IIIe millénaire, un village existait sur le site du “Gord”, en face du centre de recherche de l’Université de Technologie de Compiègne ; au “Fond Pernant”, à Mercières, un autre village s’installe à la fin du millénaire et ce site sera encore occupé à l’Âge du Bronze.
Au millénaire suivant, les dépôts d’objets de l’Âge du Bronze témoignent de l’apparition de nouvelles activités métallurgiques. Plusieurs ont été découverts en forêt de Compiègne, à Giraumont, à La Croix Saint-Ouen mais aussi au “Port Varin” dans la plaine de Royallieu et à “La Justice” dans l’ancienne propriété Fournier-Sarlovèze. Un vaste site fortifié à Saint-Pierre en Chastre abritait l’activité des bronziers eux-mêmes.

Les habitats du Premier Âge du Fer, repérés au sud de la ville actuelle, attestent d’une certaine prospérité entre le VIIe et VIe siècles av. J.-C. Le “Fond Pernant” continue d’être occupé au début de cette période. L’occupation la plus importante est toutefois localisée à la confluence des deux rivières. Les maisons sont rectangulaires, entre six et dix mètres pour une largeur de trois à cinq mètres, et construites en bois et torchis sur une semelle de fondation calcaire ou de matériaux pilés. Des fours de potiers, des fours métalliques destinés à la production de bronze et de fer les accompagnent.

Les fouilles de Napoléon III en forêt de Compiègne

Les Romains ne font qu’entériner cette situation ancienne. Rattaché, sous l’Empire, à la Province de Belgique seconde, sa vocation, attestée depuis le Néolithique, demeure essentiellement agricole. Quoique les passages à gué, très anciennement attestés près de la chaufferie du Clos des Roses et au Buissonnet à Choisy-au-Bac, soient particulièrement fréquentés à cette époque, le site de la ville médiévale elle-même demeure vide de toute occupation permanente. Point de ville antique donc sur le territoire de l’actuel Compiègne ; au contraire, un habitat rural dispersé aux environs de petites agglomérations proches de la voie conduisant d’Augustomagus (Senlis) à Augusta Suessionum (Soissons), dite plus tard Chaussée Brunehaut.

Terroir riche cependant, traversé par l’Axona (l’Aisne) et l’Isara (l’Oise), dominé par de petits monts, tels le Mont-Berny et le Mont-Chyprès, la région de Compiègne se trouve sur le territoire de la Cité des Suessions, à la frontière de la Cité voisine des Silvanectes, vers Senlis, et de la Cité des Bellovaques sur l’autre rive de l’Oise. Hors ce qu’en rapporte Hirtius, lieutenant de Jules César, dans le huitième livre des Commentaires de la Guerre des Gaules évoquant la dure campagne de 51 av. J.-C. contre les Bellovaques et leur chef Correus, cette tranquille contrée n’a point fixé sur elle l’attention des historiens antiques et nul événement marquant ne semble s’y être déroulé. Seule l’archéologie nous renseigne, bien imparfaitement encore, sur l’évolution de ce territoire assez densément peuplé. De fait, les sites antiques abondent, tant sous l’actuel couvert végétal qui a occupé pour partie, aux temps mérovingiens, les anciennes terres cultivées, qu’aux environs du massif forestier lui-même. Les activités agricoles, artisanales, voire commerciales, des agglomérations ou des établissements restent liées aux voies de passage, vecteur d’une romanisation qui s’impose à la fin du Ier siècle. Les principales d’entre elles sont Champlieu et Les Tournelles à Orrouy, la plus grande, d’une étendue d’environ 40 ha, la Ville-des-Gaules ou Mont-Berny à Saint-Etienne-Roilaye, d’environ 25 ha, la Carrière-du-Roi à Morienval, toutes trois sur cette même voie Senlis – Soissons, le Château-Bellant et le Mont-Chyprès à La Croix-Saint-Ouen. Elles forment autant de vici, ou bourgs, parfois pourvus de bâtiments publics d’une certaine importance : édifices religieux et thermes, mais dont les noms antiques ne nous sont pas connus.
Le Mont Ganelon, déjà parcouru par les antiquaires du XVIIIe siècle, où le XIXe siècle situait le camp bellovaque, refuge de Corréus, reste presque inconnu de la science moderne…

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