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Charles le Chauve fonde Carlopolis (R. Fournier Sarlovèze – photo Schryve)

Fils de Louis le Pieu, Charles II, surnommé le Chauve, disputa longtemps à ses deux frères, Lothaire et Louis le Germanique, tout ou partie de l’héritage impérial. Le traité de Verdun le fit roi de la future France, en 843, dès l’âge de vingt ans. Il parvint même à ceindre la couronne impériale à la mort de son neveu Louis, en 875. Quoiqu’il n’ait pas réussi à arrêter les invasions normandes, ni à empêcher le développement de la féodalité, il sut, comme son grand-père Charlemagne, s’entourer de lettrés et protéger les lettres et les arts, prolongeant ainsi la renaissance carolingienne.

Compiègne, ancien séjour des rois mérovingiens sut le retenir et il prit plaisir à y séjourner souvent. Son accession au trône impérial décida de l’avenir. En effet, désireux de rivaliser avec son aïeul, il voulu créer une nouvelle capitale, rivale d’Aix-la-Chapelle, Carlopolis. Le territoire de Compiègne offrait pour cela tous les avantages. Idéalement situé au centre approximatif des états encore fidèles à leur souverain, il réunissait de fait les commodités de voies de communication fréquentées : l’Oise pourvue à cet endroit d’un gué sinon d’un pont, le confluent de l’Aisne et d’anciennes voies romaines vers les principales villes antiques voisines de Noyon, Soissons, Senlis ou Beauvais, et la présence d’une vaste et giboyeuse forêt. Toutefois, si la rivière guéable et la forêt sont à l’origine de Compiègne, seule la volonté impériale de créer une cité neuve explique sa naissance en cette fin du IXe siècle.

Charles fonda dans l’enceinte de son palais, au sommet de l’éperon calcaire dominant l’Oise, une importante abbaye, Sainte-Marie, en 877. Il la dota de biens fonciers, dont une partie du territoire compiégnois appelé couture de Charlemagne, et de reliques prestigieuses, distraites du trésor d’Aix la Chapelle, le saint Suaire, aujourd’hui disparu, et le Voile de la Vierge. S’y ajoutèrent les corps des martyrs saints Corneille et Cyprien. Corneille ne tardera d’ailleurs guère à donner son nom à l’abbaye, desservie par cent clercs sous le premier abbatiat d’Hincmar, archevêque de Reims. De fait, si Charles achève misérablement son rêve d’empire restauré, Compiègne ne cessera plus de se développer autour de sa résidence royale, fréquentée de tous les souverains français, et, jusqu’à la Révolution au moins, de son abbaye, riche et puissante.

Texte de François Callais

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