L’épopée de Jeanne d’Arc, qui l’avait menée de Domrémy à Reims où elle venait de faire sacrer son roi, le 17 juillet 1429, se poursuit à Compiègne, traditionnelle étape au retour du sacre. Elle y entre derrière Charles VII, le 18 août et y séjournera jusqu’au 25 dans une maison bourgeoise, proche de l’église Saint-Antoine. Elle priera régulièrement dans cette dernière. Etrangère aux compromis diplomatiques du roi et de ses ministres, la Pucelle se lança quasi seule à l’assaut de Paris au siège duquel elle fut blessée le 8 septembre.
Au printemps 1430, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, vient mettre le siège devant Compiègne, place forte qui gêne ses communications entre son duché et les Flandres. Le 13 mai, Jeanne gagne de nouveau Compiègne afin de tenter une audacieuse manœuvre sur l’arrière des troupes bourguignonnes. C’est alors que se place une anecdote que l’historien du XIXe siècle, Jules Michelet, rendit célèbre. Après avoir communié dans l’église Saint-Jacques, l’héroïne aurait dit aux enfants qui l’entouraient qu’elle était trahie et serait bientôt prise. L’ennemi renforçant son emprise, Jeanne, à la tête d’une petite troupe de 300 hommes au plus, quitte Crépy-en-Valois où elle s’était retirée, traverse la forêt en pleine nuit et arrive au matin du 23 mai dans la ville. “Je yrai voir mes bons amis de Compiègne” avait-elle promis. En milieu de journée, elle tente une sortie téméraire afin de déloger l’ennemi du village de Margny, sur la rive droite de l’Oise. Reconnue et encerclée, tant par les Bourguignons de Coudun que par les Anglais de Venette, villages voisins, elle est capturée dans les fossés du boulevard qui défendait l’accès de l’unique pont.
Commence alors le long chemin de croix qui va la mener au château de Beaurevoir, d’où elle tente vainement de s’échapper pour secourir Compiègne, puis à Arras enfin à Rouen. Galvanisée par son exemple, la cité résistera victorieusement aux assiégeants qui laissent la place en octobre. Du destin fabuleux de la Pucelle, Compiègne fut une étape à la fois glorieuse et tragique.
Texte de François Callais
Pour en savoir plus, vous pouvez vous rapporter aux différentes publications de la Société historique :
– Guillaume de Flavy n’a pas trahi Jeanne d’Arc, de Jean-Baptiste Mestre – 1934, 238 pages
– Compiègne et Jeanne d’Arc, de Jean-Baptiste Mestre et Carolus Barré – 1930, 98 pages
– Le Bulletin 28 ” Colloque Jeanne d’Arc et Compiègne“, 1982, 292 pages
– Dans PV 28“La bibliothèque joanique d’Alexandre Sorel“, 1925, 149 pages
– Dans PV 14”Jeanne d’Arc et le siège de Compiègne de 1430“, 1905,143 pages
Ces ouvrages peuvent être commandés à la Société historique