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Le créateur de Bécassine

Joseph Pinchon

Émile Joseph Porphyre Pinchon est né à Amiens le 17 avril 1871 ; sa mère, née Lefèvre, est la fille d’un tanneur noyonnais, et son père, Victor Émile, est avoué à la cour d’appel d’Amiens, et reprendra la direction de la tannerie de Noyon en 1887. Jusqu’en 1887, cinq frères et une sœur naîtront, dont Émile Léon Clément, qui deviendra sculpteur. De 1876 à 1914, la famille Pinchon séjourne souvent près de Compiègne, à Clairoix, au « Clos de l’Aronde » (l’actuelle mairie).
Après des études à Amiens puis à Paris (bachelier ès lettres), Joseph s’inscrit aux Beaux-Arts, où il fréquente notamment Fernand Cormon et Albert Besnard. Il effectue son service militaire de 1892 à 1895 (on l’emploie, entre autres, à décorer des casernements…), et dès 1897, il expose certaines de ses toiles aux Salons parisiens. Il restera longtemps actif au sein de la Société Nationale des Beaux-Arts, dont il sera même vice-président en 1946.
Dès 1903, il illustre divers journaux pour enfants (Saint-Nicolas, L’Écolier illustré, Le Petit Journal illustré de la Jeunesse…).

En 1905, paraît le premier numéro de La Semaine de Suzette, où, au pied levé, J.P.Pinchon crée le personnage de Bécassine. C’est le début d’une longue série d’environ 1500 planches consacrées à la célèbre bonne bretonne, publiées dans cet hebdomadaire, et pour la plupart éditées en albums (26 en tout, de 1913 à 1939 ; les textes sont de Caumery, pseudonyme de Maurice Languereau).

De 1907 à 1914, Joseph est dessinateur de costumes à l’Opéra de Paris, puis en devient le directeur des services artistiques. En 1911, il présente au Salon le « carton » de la peinture murale Jeanne d’Arc sur le Mont Ganelon que l’on peut toujours admirer dans l’église de Clairoix. Il fréquente alors sans doute son voisin le Comte de Comminges, grand cavalier, écrivain, et maire de Clairoix.
Lors des grandes fêtes de Jeanne d’Arc à Compiègne, en 1909, 1911, 1913, puis en 1930 et 1935, Joseph Porphyre assure la direction artistique des cortèges et tournois, dessine costumes et bannières, illustre des cartes postales et divers documents, et participe aux défilés.

Il passe la plus grande partie de la guerre de 1914-1918 dans des services de camouflage (où ses talents de dessinateur ont été probablement mis à profit !), en Belgique puis, de 1916 à 1918, en Macédoine (armée d’Orient). Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1921 (il sera promu officier en 1950).
Le 9 mars 1920, il épouse Suzanne Armande Würtz, originaire de Margny-lès-Compiègne, et promise à un de ses frères, mort en 1916 ; ils n’auront pas d’enfant.
Joseph, qui passe une partie de son temps dans une « résidence secondaire » aux Ageux (près de Pont-Sainte-Maxence), est membre d’un équipage de chasse à courre ; il soutient d’ailleurs la création, en 1935, du musée de la vénerie, à Senlis, auquel il fera don de quelques œuvres, notamment un projet de tapisserie (intitulé La chasse). En 1929, il en avait présenté un autre (L’Amérique du Sud), adopté par la manufacture des Gobelins.

De 1929 à 1939, il est directeur artistique de Benjamin, hebdomadaire pour la jeunesse fondé par Jaboune (alias Jean Nohain).

Il collabore aussi à L’Écho de Paris (dès 1920), et, dans les années 1940, à Âmes Vaillantes, Fanfan la Tulipe, Fillette, Wrill, Cap’taine Sabord, Le Petit Canard ou France-Soir Jeudi. Dessinateur talentueux et prolifique, il produit des centaines de dessins pour ces journaux, et crée de nombreux personnages : Frimousset, Grassouillet, Amulette, Babylas, Suzel, Gringalou, Olive et Bengali, Tontaine, etc. De 1930 à 1949, sont édités plus de trente albums reprenant ses planches.
J.P.Pinchon illustre également une trentaine de livres : citons par exemple L’arbre (1899 ; texte de Georges Rodenbach), La petite colonelle (1905 ; texte de Georges Trémisot), Les aventures de Maître Renard (1911 ; texte de Georges Le Cordier), Le hameau du trésor perdu (1925 ; texte de Jacqueline Rivière), Histoire sainte illustrée (1934 ; texte de l’abbé Jules Hénocque), Robert-Houdin (1939 ; texte d’Adhémar de Montgon), ou La Grande meute (1947 ; texte de Paul Vialar)…
Joseph Porphyre Pinchon, artiste éclectique, s’éteint à Paris le 20 juin 1953, et repose à Amiens, au cimetière de Saint-Acheul.

Texte de Rémi Duvert

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