L’origine de la résidence impériale et royale de Compiègne se confond avec celle de la monarchie. Aussi, a-t-elle amplement bénéficié de la faveur des princes auxquels elle doit son existence.
La présence d’une villa mérovingienne et la volonté de l’empereur Charles le Chauve de créer une Carlopolis, rivale d’Aix-la-Chapelle, expliquent en effet la naissance de Compiègne. L’amour de la chasse conduira pratiquement tous les souverains, jusqu’à Napoléon III, à séjourner dans ses murs. Elle conservera toujours ce double rôle de lieu de détente en même temps que de siège du pouvoir. Louis II le Bègue, Eudes, Louis V, Hugues II y furent sacrés.
Le changement de dynastie en 987 ne lui porte aucun tort. Les rois ne cesseront jamais de porter attention à la prestigieuse abbaye Saint-Corneille et de résider dans la ville. Bien plus, le souverain accompagne l’essor urbain des XIIe et XIIIe siècles en imposant l’installation des bénédictins dans l’abbaye ou en accordant la Commune à la ville. Il occupe désormais son château des bords de l’Oise, dont ne subsiste plus que le donjon, actuelle Grosse Tour du Roi. L’importance des bienfaits reçus de saint Louis prouve combien Compiègne doit à ces séjours royaux.
Royallieu devient résidence habituelle des souverains de passage à Compiègne. Philippe le Bel y bâtit une église dédiée à son saint aïeul, noyau du monastère augustin. Charles V abandonne la place et élève, dans sa bonne ville, un nouveau château à l’emplacement actuel. La Guerre de Cent Ans n’épargne pas la ville ; prise et reprise huit fois, elle n’en demeure pas moins fidèle à son souverain. Le sacrifice de Jeanne d’Arc n’a pas été vain. Louis XI aime à y retrouver son compère Jean Morlière, attourné de la ville, chez qui il logeait.
François Ier fait de fréquents mais brefs séjours. Il aménage le carrefour du Puits-du-Roi et adjoint au vieux logis royal une haute porte flanquée d’échauguettes qui en facilitait l’accès. Henri II fera transformer la Porte-Chapelle.
Louis XIV serait venu au moins soixante quinze fois à Compiègne. Il y organise d’exceptionnels exercices militaires dont le plus fameux reste le camp de Coudun en 1698. Mais il ne tente pas de transformer la vieille résidence royale. Chaque séjour, occasion du déplacement du gouvernement, de la cour, de fêtes, de réceptions, donc de dépenses, fait la fortune de la ville et concourt à son développement.
Louis XV est à l’origine de la modernisation de Compiègne. Il lui appartient, en confiant à Jacques-Ange Gabriel le soin de construire un nouveau château, d’avoir provoqué des transformations qui marquent encore le tissu urbain. Il ne reste malheureusement presque rien de l’Ermitage de madame de Pompadour, devenu le petit château du gouverneur de la ville. Des hôtels ministériels, il ne demeure que la Chancellerie, actuel Tribunal d’ailleurs reconstruit, et une partie de la Surintendance des Bâtiments.
Par ailleurs, la Cour, lors de ses séjours, aime à fréquenter les couvents. Nombreux sont les Grands à assister aux célébrations et aux messes des diverses églises et chapelles. Dons, offrandes et cadeaux ne sont pas rares. Quelques-uns subsistent encore. Ainsi, Louis XV offrit, en 1750, les grilles, puis, en 1759, les stalles, encore visibles à Saint-Jacques et finance en grande partie le renouvellement du décor de l’église, de 1773 à 1777.
Louis XVI abandonne la tradition des séjours royaux que l’état des finances ne permettait plus. Napoléon, s’il sauve le palais et ordonne de le remeubler afin d’y recevoir dignement Marie-Louise, n’y viendra guère. Louis XVIII et Charles X ne sont pas plus assidus. Louis-Philippe par contre ne manque pas de rassembler de nouveaux camps militaires en 1833, 1834, 1836, 1837, 1841 et 1847, qui attirent un vaste public. Le mariage de sa fille, la princesse Louise, avec le roi des Belges est célébré au château en août 1832.
Le Second Empire est pour la ville un âge d’or. L’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie reçoivent au palais les fameuses Séries, font édifier le Théâtre Impérial, subventionnent la restauration de l’Hôtel de ville, ou la construction d’une salle d’asile rue Napoléon. Le grand nombre de ces séjours, la quantité de visiteurs qu’ils attirent font fructifier les commerces et confirment Compiègne dans son rôle de cité aristocratique et résidentielle.
Sous la Troisième République, seule la somptueuse réception réservée au tsar Nicolas II et de la tsarine en 1901 rappelle une dernière fois ces fastes disparus.