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L’église Saint-Jacques ( d’après Tavernier de Jonquières)

Fondation de l’empereur Charles-le-Chauve à la fin du IXe siècle, l’antique abbaye Saint-Corneille conserve toute juridiction sur l’ensemble du clergé compiégnois. Cette abbaye reste au coeur de l’histoire de Compiègne du IXe siècle à la Révolution. La richesse de ses reliques, saint Suaire, Voile de la Vierge, corps glorieux des martyrs saint Corneille et saint Cyprien, incitent les pèlerins à visiter l’abbaye. Louis VI et Suger, abbé de Saint-Denis, décident en 1150 de remplacer le collège des chanoines par des moines bénédictins. Dès 1483, l’abbaye tombe en commende, ses abbés ne sont plus élus par la communauté, mais désignés par le roi. Cependant, ils appartiennent toujours à la plus haute noblesse, tel le cardinal de Bourbon. Toutefois, malgré un certain renouveau lors de l’installation des Bénédictins de Saint-Maur en 1626, elle tombe sous la coupe de l’abbaye du Val-de-Grâce en 1656. Sans abbé, ses prérogatives séculaires sont peu à peu battues en brèche par l’évêque de Soissons. Son prestige, cependant, reste intact et elle prend en charge le Collège à partir de 1772.

Depuis 1199, quatre paroisses se partagent la ville: Saint-Germain, la plus ancienne, dans le faubourg, Saint-Jacques et Saint-Antoine, paroisses royales, enfin l’antique, mais symbolique, paroisse du Crucifix, en fait une chapelle de l’abbaye Saint-Corneille. On compte également de nombreuses communautés monastiques. Certaines remontent au Moyen-âge : Cordeliers et Jacobins, à Compiègne depuis le XIIIe siècle, auxquels s’ajoutent les chanoinesses augustines de Saint-Jean des Vignes dites aussi de Sainte-Perine qui partent pour Paris en 1645, et les religieuses Augustines de l’Hôtel-Dieu. La plupart des autres se sont installées au XVIIe siècle et témoignent du renouveau catholique, alors sensible dans toute l’Europe.

Le cloitre Saint-Corneille (photo JP Gilson)

En 1609, les Minimes occupent l’ancien prieuré Saint-Pierre, et les Capucins s’installent près de Saint-Germain, en 1611. En 1634, les Bénédictines de Saint-Jean-aux-Bois viennent occuper le monastère des Augustins de Royallieu. Trois communautés féminines apparaissent ensuite au cœur de la ville : les Carmélites en1641, la Congrégation Notre-Dame en 1645 qui part pour Versailles en 1771, puis la Visitation Sainte-Marie en 1649. Les Jésuites prennent la direction du Collège en 1653. Enfin, les Sœurs de Genlis, prenant le relais des “filles pieuses”, se dévouent auprès des malades de l’Hôpital général à partir de 1767. Les sœurs de saint Vincent de Paul gèrent les Charités de Saint-Jacques et de Saint-Antoine et partagent l’enseignement des filles avec la Sainte-Famille. Les frères des Ecoles chrétiennes s’établissent en 1772. Déjà l’abbé Marc Antoine Hersan (1649-1724) avait fondé une école de garçons, modèle pour son temps.
Rois et reines n’ont pas manqué dans le même temps d’apporter leur soutien au clergé compiégnois. Ainsi, Anne d’Autriche permet-elle l’installation des Carmélites. A sa demande, celles-ci sont en effet abritées quelques années au Château. Son aide reste décisive pour la Congrégation Notre-Dame et les Visitandines, mal accueillies par la population, inquiète de la multiplication des communautés religieuses en pleine ville.

L’hôtel-Dieu Saint-Nicolas (Photo Schryve)

A la veille de la Révolution, certaines de ces communautés sont exsangues comme les Jacobins, mais la plupart restent florissantes et conservent un patrimoine qui, s’il ne suffit pas toujours au développement des couvents, demeure relativement important. Le clergé est quasi seul à assurer l’enseignement public des enfants et le soin des malades et des pauvres. Enfin, la majeure partie de la population reste très attachée au culte catholique et attentive à suivre les commandements de l’Eglise. La municipalité, la noblesse et la bourgeoisie locale, à l’instar de la Cour, contribuent par leurs libéralités à soutenir les efforts du clergé.
La Révolution fut fatale au patrimoine religieux de Compiègne. Seules les trois églises paroissiales, les Minimes, bien que diminués, et la chapelle Notre-Dame de Bon Secours, enfin l’Hôtel-Dieu, survécurent. Tout leur décor disparut sauf à Saint-Jacques devenu Temple de la Raison. Tous les autres édifices, pour l’essentiel conventuels, disparurent, démolis juste après leur acquisition comme bien national ou quelque temps plus tard sous l’Empire. Il ne subsiste plus que le cloître de Saint-Corneille, magnifiquement restauré, et faisant partie de la bibliothèque Saint-Corneille, quelques bâtiments remaniés du couvent de Royallieu, le pavillon d’entrée et le logis abbatial, et les ruines romantiques des Jacobins dans le parc du musée Antoine Vivenel.
La seconde moitié du XIXe siècle marque un certain renouveau : rétablissement des Carmélites en 1867, construction de l’église anglicane en 1868 et d’un Temple, aujourd’hui rue de Clamart. De nos jours, dans les nouveaux quartiers, s’élèvent Saint-Paul des Sablons, Saint-Eloi de Bellicart et Notre-Dame de la Source, à Royallieu, œuvre d’Olivier Debré.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ou acheter les ouvrages suivants :
De Compiègne à Pierrefonds, architectures monumentales et singulières“, de Francis Martinuzzi, 2012, 263 pages
“le bulletin 39 – Histoire de l’abbaye Saint-Corneille “, 2005, 453 pages
– “Saint-Antoine de Compiègne“, par Eric Blanchegorge et François Callais, 1996, 31 pages
– “Le cartulaire de l’abbaye Saint-Corneille” , par le chanoine Morel, 1977, trois tomes de 496 pages
“L’église Saint-Jacques de Compiègne“, par le chanoine Delvigne, 1941, 158 pages
“Le prieuré de Saint-Pierre des Minimes“, par Jacques Philippot, 1937, 61 pages

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