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La prise de Jeanne d’Arc à Compiègne (photo Schryve)

Situé sur la rive gauche de l’Oise, au débouché du confluent de l’Aisne, Compiègne occupe une position géographique enviable qui l’a amené à jouer un rôle stratégique et militaire important. Dès l’aube de son histoire, elle apparaît comme une place forte, ceinte de remparts et de fossés, point de passage vers le Nord et les Flandres durant tout le Moyen-âge. Les guerres qui déchirent le royaume de France font d’elle un enjeu, parfois essentiel, et contraint la ville à se maintenir en état de défense. Elle doit engager des spécialistes, recrutés à l’année : artilleurs, canonniers, guetteurs, et au XVe siècle des francs-archers. Elle fournit également l’approvisionnement des armées de passage et le logement des troupes.

Au printemps 1430, le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, vient mettre le siège devant Compiègne, qui gêne ses communications entre son duché et les Flandres. Le 13 mai, Jeanne d’Arc gagne la ville afin de tenter une audacieuse manœuvre sur l’arrière des troupes bourguignonnes. C’est alors que se place une anecdote que Michelet rendit célèbre. Après avoir communié dans l’église Saint-Jacques, l’héroïne aurait dit aux enfants qui l’entouraient qu’elle était trahie et serait bientôt prise. L’ennemi renforçant son emprise, Jeanne, à la tête d’une petite troupe de 300 hommes au plus, quitte Crépy-en-Valois où elle s’était retirée, traverse la forêt en pleine nuit et arrive au petit matin du 23 mai dans la ville. “Je yrai voir mes bons amis de Compiègne” avait-elle promis. En milieu de journée, elle tente une sortie téméraire afin de déloger l’ennemi du village de Margny, sur la rive droite de l’Oise. Reconnue et encerclée, tant par les Bourguignons de Coudun que par les Anglais de Venette, villages voisins, elle est prise dans les fossés de la fortification dite Boulevard qui défendait l’accès de l’unique pont. Galvanisée par son exemple, la cité résistera victorieusement aux assiégeants qui laissent la place en octobre. Les remparts médiévaux entretenus, vaille que vaille, seront une dernière fois modernisés sur l’ordre de François Ier. L’ingénieur Frédence est alors chargé d’en établir les plans. Les fortifications qui protègent le pont sont ainsi renforcées.

Le camp de 1698 par Aveline (photo SHC)

Quoiqu’elle perde ce statut de place forte, les XVIIe et XVIIIe siècles marquent l’apogée du Compiègne militaire et royal. Le roi se déplace entouré de troupes assurant sa protection, les parades, défilés et manœuvres. C’est le temps des grands “camps militaires”. Quatorze camps se succèdent de 1666 à 1769. Le plus fameux reste le camp de Coudun en 1698 qui rassemble des dizaines de milliers de soldats et de spectateurs et dont le duc de Saint-Simon a laissé, dans ses mémoires, une relation fameuse. En 1764, fut testée, dans la plaine de Royallieu, la nouvelle artillerie conçue par l’ingénieur Gribeauval. 1769 voit le triomphe de Madame du Barry, la Dame de Compiègne.
La Révolution va conférer définitivement à Compiègne ce rôle de ville de garnison dont elle jouissait voici peu. Les casernes construites pour les Gardes suisses et les Gardes françaises sont débordées, les troupes républicaines logent jusque dans le château ou l’église Saint-Antoine. Y prédominent la cavalerie et les Hussards, attirés par l’abondance des écuries princières. Les champs de bataille du nord n’étant pas éloignés, des hôpitaux militaires s’installent dans les anciens couvents des Carmélites et de Royallieu.

Les spahis de Compiègne vers 1935 (photo Hutin)

Au XIXe siècle, un effort important va donc être poursuivi afin d’assurer le correct casernement des troupes. La ville ne manquera jamais de s’y associer, consciente de l’intérêt économique de cette forte présence militaire. En 1825, l’écurie militaire construite sous Louis XVI par l’entrepreneur Boursier étant très insuffisante, la municipalité achète, puis offre au ministère de la Guerre le terrain de l’ancien Carmel ; le quartier d’Orléans y est édifié en 1843. Les casernes du cours sont alors très agrandies sous le Second Empire ; c’est l’actuel quartier Bourcier, du nom d’un général de cavalerie (1760-1828). La dernière grande caserne est construite à Royallieu en 1913 sous la forme de baraquements en briques. Les aérostiers s’y installèrent entre 1919 et 1939, les ballons s’abritant dans les hangars du champ de manœuvre en lisière de forêt.
Au cours des deux guerres mondiales, Compiègne participe directement aux batailles qui se déroulent dans le vaste glacis picard, éternelle route des invasions. Détruite deux fois et son centre historique au quart rasé en 1940, la ville conserve de ces événements la glorieuse clairière de Rethondes et l’effroyable souvenir du camp de Royallieu.
La deuxième partie du XXeme siècle voit maintenue sa vocation militaire, malgré le départ de deux régiments (Génie de l’Air aux Sablons, Transmission à Royallieu).

L’installation de l’École d’État-major et de la Direction centrale du Service national en porte témoignage.
Mais le début du XXIemme siècle voit partir les dernières unités de la ville de Compiègne. Ainsi après le départ de l’École d’Etat-major en 2012, Compiègne a perdu son statut de ville de garnison.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ou acheter l’ouvrage suivant:
– “Bulletin n°36 – Camps et grandes manoeuvres en France“, 1999 – 328 pages

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