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Au delà de la Porte-Chapelle, l’actuel quartier Bellicart fut d’abord un faubourg excentré duquel l’imposante fortification médiévale permettait l’accès. On y trouvait la chapelle du Saint-Signe, élevée au Moyen Age en souvenir de l’arrivée à Compiègne de l’insigne relique du Saint Suaire, voire une chapelle Saint-Nicolas dont on sait peu de chose. Il prendra plus tard le nom de faubourg A tous les diables, en raison de son éloignement ou de la présence de Huguenots. Lors du camp de Compiègne organisé par Louis XIV en 1698 sous prétexte de conduire l’éducation militaire du duc de Bourgogne, son héritier, d’imposantes manoeuvres s’y déroulèrent sous les yeux du roi, de Madame de Maintenon, son épouse secrète, et de toute la Cour. Au XVIIIe siècle, plusieurs constructions s’y élevèrent à proximité immédiate du château : le Canal aux glaces, au lieu-dit la Bannière du roi, car Louis XIV et son frère, dans leur enfance, avaient coutume d’aller se baigner dans l’Oise à cet endroit et…. baignoire devint bannière, la glacière creusé par l’architecte du château, Gabriel, encore conservée, puis l’Ermitage de Madame de Pompadour, dit ensuite le Petit Château, résidence du gouverneur de Compiègne, dont la Révolution ne laissa pas une pierre.
Toujours séparé du reste de la ville par la masse imposante du château et de son parc, ce quartier vit s’installer l’usine à gaz sous Louis-Philippe, industrie qui perdura jusque dans les années 1970, puis le cimetière Nord en 1885, à la fermeture de celui de Clamart. Autour du monument aux morts des guerres du Tonkin, vinrent s’édifier les plus beaux monuments funéraires de Compiègne, pour certains rapatriés de Clamart peu avant la Première Guerre mondiale : tombes d’Antoine Vivenel, de Pierre Sauvage, du maire Chovet et des meilleures familles. Si les terrains les plus proches du centre sont lotis à la fin du XIXe siècle afin de créer de petites maisons dites à loyer modéré avec le soutien de la Caisse d’épargne, la proximité du grand parc attire les activités sportives dans l’ancien parc du Petit Château disparu. Les tennis ou le terrain des Fêtes y font écho au port de plaisance installé dans l’ancien grand canal. La Seconde Guerre mondiale en amoindrit considérablement l’étendue ; le malheureux canal fut comblé de tous les déblais des bombardements destructeurs de 1940.
L’urbanisation progresse de façon plus désordonnée pendant les Trentes Glorieuses. Toutefois, à côté de la Fondation Debruxelles pour les personnes âgées, aujourd’hui disparue, et de sa chapelle Sainte-Thérèse, est construite la moderne église Saint-Eloi en 1960, au chevet de laquelle on peut voir l’antique borne du Lendit, héritage du Moyen Age transportée là depuis la route de Choisy. Le plus curieux reste le nom même du quartier aujourd’hui ; on ignore en effet qui est exactement Bellicart dont un tout proche carrefour de la forêt porte le nom : un obscur forestier qui aurait replanté le Mont Ganelon ou le célèbre architecte -avec un d- du XVIIIe siècle ?

Par Eric Blanchegorge, président de la Société historique

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