Tête de pont compiégnois sur la rive droite de l’Oise, le Petit-Margny, du nom de la commune limitrophe de Margny-les-Compiègne, s’étend à l’endroit d’un vaste pré jadis inondable et resté quasi vierge de toute construction avant l’époque moderne. Au XIIIe siècle, le pont médiéval de bois, reconstruit en pierre par saint Louis, franchit la rivière à cet endroit, protégé par d’indispensables fortifications formant un “boulevard” précédé d’un pont dormant. C’est là que, malgré un courage hélas téméraire, Jeanne d’Arc, le 23 mai 1430, tombe aux mains des Anglais et des Bourguignons assiégeant Compiègne. Une statue équestre par Frémiet, le plus beau monument du quartier, consacre ce funeste souvenir. Quoique dans une situation juridique complexe, partagé entre des juridictions ecclésiastiques peu conciliantes, le pré de Margny voit se construire divers hôtels particuliers et des hostelleries au XVIe, bâtiments rasés par mesure de sécurité lors du dernier siège subi par la ville en 1636. Ce territoire, de nouveau urbanisé, est fort disputé entre Compiègne et Margny au moment de la constitution des communes pendant la Révolution ; Compiègne sut convaincre la Constituante de le lui attribuer en même temps que le quartier Saint-Germain en 1791 mais la “frontière” entre les deux ne cessera de connaître maintes rectifications… De 1844 à 1847, le quartier devient ferroviaire et le chemin de fer le coupe pour un temps de Margny. Une passerelle ne sera construite qu’en 1883 mais il faut attendre la création d’un véritable pont au-dessus des voies en 1935 puis d’un passage piéton souterrain l’année suivante pour voir s’améliorer les communications quotidiennes. Au vrai, de par sa proximité avec cet ensemble ferroviaire, l’ensemble du quartier est quasi rasé par les bombardements de l’été 1944. Reconstruit dans les années cinquante, pour partie résidentiel mais toujours marqué par la présence du chemin de fer et de la gare, le Petit-Margny devrait, lors de la réalisation du “troisième pont et de la nouvelle liaison Compiègne-Margny”, qui verront le jour courant 2011, connaître de nouvelles évolutions.
Par Eric Blanchegorge, président de la Société historique