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Voie importante, allant de la rue St-Lazare à la rue de la Justice, la rue de Clamart se trouvait autrefois hors de la ville, en un lieu à peu près désert. Au XVIII siècle, on choisit cet emplacement pour y transférer le cimetière de la paroisse Saint-Jacques.
On sait qu’autrefois, dans la plupart des localités, les cimetières entouraient les églises. Il en était ainsi à Compiègne où chacune des trois paroisses avait son cimetière à l’ombre de son clocher. D’autres cimetières moins importants existaient dans les divers établissements religieux.
D’autre part, des personnes occupant un certain range ou privilégiées de la fortune étaient inhumées dans les églises.
En 1781, M. Bertier de Sauvigny, intendant de la généralité de Paris, et M. Henri-Joseph-Claude de Bourdeilles, évêque de Soissons, conçurent le projet de supprimer les cimetières des paroisses de la ville et de les remplacer par un cimetière commun à ces paroisses.
Une assemblée de ville fut convoquée le 27 septembre 1781 pour donner son avis et adopter le projet. L’année suivante, la ville faisait l’acquisition d’un terrain d’environ 150 m. de longueur et 100 m. de largeur, situé hors des remparts dans le faubourg Saint-Lazare.

La salle des sports et le square Tainturier à l’emplacement de l’ancien cimetière (photo SHC)

Ce terrain fut cédé par M. Esmangart de Bournonville moyenne une somme de 800 livres, payable par rente annuelle de 40 livres sans retenue, sur les revenus patrimoniaux de la Ville.Les travaux de construction des murs de clôture, d’une chapelle, et l’aménagement furent confiés à Antoine Camay et coûtèrent 4.000 livres. Commencés en 1783, ils étaient terminés en juillet 1785. Une ordonnance de M. de Bourdeilles, évêque de Soissons, du 9 mai 1786, autorisa l’ouverture du nouveau cimetière.
Cela n’alla pas sans soulever des protestations. Bien des habitants déploraient que leurs défunts soient exilés hors de l’enceinte de la ville. Il se produisit même des troubles assez sérieux qui nécessitèrent l’intervention de la force armée.
Cependant, petit à petit, on s’accoutuma à l’idée de conduire des morts au cimetière commun, dont on regrettait alors l’éloignement, tandis que son emplacement se trouve aujourd’hui en pleine ville.
On a prétendu que ce pouvait être le mécontentement qui s’était manifesté au début qui avait fait donner au « cimetière commun » le nom de « Clamart » par analogie avec le cimetière parisien où l’on enterrait les suppliciés et les déshérités de la vie. M. l’archiprêtre Delvigne, dans son remarquable ouvrage sur l’église Saint-Jacques, indique, plus vraisemblablement, que Clamart viendrait de « Clos des Morts ».
Avec le temps, la population de Compiègne s’étant considérablement accrue, le cimetière de Clamart devint trop étroit.
En 1885, on ouvrait un nouveau cimetière en bordure de la route de Soissons, puis, en 1898, une autre nécropole près de Royallieu : les cimetières du Nord et du Sud.
Le cimetière de Clamart fut désaffecté et au bout d’un certain temps tomba en un complet abandon. Murs en partie écroulés, broussailles épaisses couvrant des dalles ou des croix brisées.

La rue de Clamart (photo SHC)

Inextricable végétation de ronces et d’orties, se mêlant à quelques rosiers plantés jadis par des mains pieuses, le tout forme un ensemble, d’aspect romantique peut-être, mais dépourvu de la salubrité que réclame un quartier coquet et agréable.Maints projets ont été envisagés pour utiliser ce terrain. Certains, très séduisants, ont dû être abandonnés. Actuellement, des plans sont étudiés et leur réalisation transformerait d’une façon heureuse ce coin de Compiègne. On prévoit notamment l’aménagement d’une vaste Maison du Sports (1).
La rue de Clamart gagnerait à cette disparition du cimetière dont elle porte le nom. Elle s’est déjà considérablement embellie, avec des plaisantes demeures qui avoisinent le temple protestant remplaçant celui de la rue du Grand-Ferré, démoli par la guerre de 1914-1918.
Depuis longtemps, les habitants de la rue de Clamart espèrent ces améliorations désirables. Ils en entrevoient actuellement la réalisation et souhaitent que dans un jour pas trop éloigné, toute satisfaction leur sera venue parce qu’ils auront su attendre.

Par Jacques Mermet, tiré de “nos rues ont une histoire”

(1) : ce texte écrit en 1951 ne peut faire référence à la salle omni-sports et au square Tainturier réalisés vers 1955 et qui actuellement occupent l’espace de l’ancien cimetière

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