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Le dernier numéro d’un journal paroissial proposait à ses lecteurs des mots croisés comportant cette définition : le roi à la sienne à Compiègne

C’était un mot de huit lettres et il s’agissait de la Bannière. En effet, il y a une rue de la Bannière-du-Roi et cette voie est assez récente puisqu’elle fut l’une des dernières créées dans le quartier Bellicart. Elle s’ouvre dans la rue Augustin Thierry et longe l’école de ce nom. Cette dénomination quelque peu archaïque étonne dans un quartier neuf où aucun roi ne planta jamais sa bannière. Si l’on s’en rapporte à Emile Coët, l’ancien lieudit la Bannière-du-Roi, dont le nom a été donné à la rue, ne serait qu’une corruption de ” Baignoire du Roi”. Et voici comment :
Au Moyen-âge, il y avait à Compiègne de nombreux bains publics ou “étuves”. Il en existait vers le rempart, du côté Sud. Il s’en trouvait également dans la partie basse de la rue Otenin actuelle qui s’appelait alors rue des Etuves. Une ruelle des Etuves existait encore au XVIIIème siècle et, en 1727, les Jésuites en demandèrent la suppression, comme étant devenue un lieu de rendez-vous nocturnes.
Quant aux étuves elles-mêmes, elles avaient disparu depuis longtemps comme bains publics. On se plaignait beaucoup de leur suppression, et, en 1530, le prévôt royal avait représenté aux attournés de la ville “qu’il n’y avait plus de lieu ordonné pour avoir des étuves et qu’il serait convenable d’en avoir comme le temps passé”.

Cette réclamation était demeurée lettre morte. Non seulement, les habitants de Compiègne n’avaient pas de bains, mais le roi lui-même n’était pas plus favorisé : il n’existait pas de salles de bains au Château.
On imagina alors de créer une baignade près du confluent à l’usage des gens de la Cour et on l’appela la Baignoire du Roi, nom qui devint par corruption, la Bannière du Roi.
Plus tard, Napoléon fit installer des bains au palais et, pour les habitants, se créèrent des établissements de bains publics.
En 1811, MM. Dalmas, chirurgien, Valansart, notaire, Desjardins, marchand de bois, et de Jonval, formèrent une société par actions, qui loua pour 12 ans, moyennant un loyer annuel de 700 F, un immeuble quai de Harlay (Quai Fleurant Agricola).
Cette société y établit pour le public dix baignoires alimentées par l’eau de l’Oise amenée au moyen d’une pompe. On payait un franc par bain ; Léré note que pendant un séjour de l’Empereur Napoléon I°, 525 bains furent donnés en un mois, principalement à des officiers Polonais qui en prenaient deux à trois par jour.

Par Jacques Mermet, tiré de “nos rues ont une histoire”

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