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La rue de l’Abattoir, dans laquelle ne se trouve aucun abattoir, fut à l’origine un chemin dans lequel coulait un filet d’eau. Cette voie, resserrée entre la rivière et le rempart, s’ouvrait près de la porte du Vieux Pont et portait le nom de rue aux Juifs. Des tanneurs et mégissiers y exercèrent leur industrie, ce qui fit qu’en 1615, cette voie fut appelée rue ou porte des Tanneurs, avant de devenir rue de l’Abattoir.
Par suite de la suppression des fortifications de la ville, de nombreux habitants s’étaient installés dans les terrains dépendant de l’ancienne enceinte fortifiée. Mais ils n’en avaient qu’une possession précaire. Aussi, en 1782, adressèrent-ils au roi une requête tendant à régulariser cette situation. Les requérants exposaient :
« Qu’il existe dans la ville de Compiègne une quantité de terreins dépendant des fortifications, dont le Major de la ditte ville a disposé en faveur des supplians moyennant des rentes annuelles à son profit.
« Que les supplians qui jouissent de ces terreins et qui y ont des constructions, instruits que cet officier qui n’a qu’une jouissance précaire de ces emplacemens n’a pu en transmettre la propriété, craignant, en conséquence, d’être évincés par Sa Majesté.
« Que pour les mettre à l’abri de cette éviction qui leur causerait un préjudice considérable, ils espèrent que S.M. voudra bien donner à leur jouissance une sanction authentique, ce qu’ils attendent avec d’autant plus de confiance qu’indépendamment du revenu fixe que cette opération présente au domaine, ils y a réserve des droits casuels aux mutations qui forme un objet important et qui rend ces cessions très avantageuses pour S.M. dont la mouvance s’étend dans une ville où les constructions ont une valeur certaine.
« A ces causes, requéroient les supplians qu’il plut à S.M. leur faire cession à titre d’aucensement et de propriété incommutable de différentes portions de terreins de l’emplacement des murs, fossés et fortifications de la ville de Compiègne. »
Cette requête était présentée par une soixantaine de possesseurs de terrains quai de Harlay, rues du Donjon, des Tanneurs, des Fossés, ruelle des Loups, aux portes de Soissons et de Pierrefonds et au Jeu d’Arc.
Un rapport fut fait par Moreau de Beaumont, conseiller d’État ordinaire et au Conseil royal des finances, à la suite duquel fut signée l’ordonnance du 24 décembre 1782, accordant satisfaction aux demandeurs et fixant les redevances qu’ils auraient à payer.
C’est ainsi que sur les anciennes fortifications de la ville des rues purent être définitivement aménagées, les propriétaires ne courant plus le risque d’éviction.
En ce qui concerne la rue des Tanneurs, aujourd’hui rue de l’Abattoir, les bénéficiaires de cette mesure étaient Marie-Françoise Raux veuve d’Antoine-François Bidault ; Charles Boudier, jardinier ; Pierre-Jacques Vassent, boulanger ; François Graux, marinier ; Antoine Raux, Antoine Pinson, Antoine Lenain, Jean-Didier-Simon Raux, mégissiers.
On le voit, à cette époque, la présence de plusieurs mégissiers dans cette voie justifiait son nom de rue des Tanneurs, industrie aujourd’hui disparue de notre ville.

Jacques Mermet.

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