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Entre la rue de Bournonville et le boulevard des Etats-Unis s’ouvre la rue des Acres rappelant un des noms de la famille des Acres de l’Aigle qui a joué un rôle appréciable dans l’histoire de notre région.
La famille de l’Aigle a possédé, très anciennement, la terre des Acres, près de Château-neuf-en-Thimerais (Eure-et-Loir).
Dans sa « Cosmographie », Thévet cite comme vivant en 1066, un François des Acres qui prit part à l’expédition de Guillaume le Conquérant en Angleterre. Il aurait été ensuite chargé par celui-ci de conduire un corps de troupe à l’empereur d’Allemagne Henri IV. En reconnaissance, il aurait reçu de cet empereur les trois aigles de sable sur champ d’argent, qui figurent dans les armes de la famille de l’Aigle.
Mais, d’un autre coté, le chef de cette lignée serait Jean, écuyer qui se signala par sa valeur au siège de St-Jean d’Acre, en 1191. De là le nom de cette famille.
Son fils, Robert, prit part à la 5 croisade de 1219.
Pendant la guerre de Cent Ans, Guillaume de Gamaches, qui fut gouverneur de Compiègne, leva une compagnie de gentilshommes parmi lesquels se trouvaient les des Acres, les Créquy, les d’Houdetot, les Mouchy, les d’Hericy. Un vieil historien a écrit que « cette compagnie fut sans reproches parce qu’elle n’était point composée de ces vils stipendiaires qui faisaient la guerre par métier : la gloire était leur salaire. » Cette compagnie offrit ses services au roi Charles VI.
En maintes campagnes, Guillaume de Gamaches et sa troupe combattent les Bourguignons. A la mort de Charles VI, ils se rangent aussitôt autour du Dauphin Charles et luttent en Normandie et en Picardie pour assurer ses droits à la couronne.
Bertrand des Acres, avec la noblesse de Normandie et du Vexin prend part au siège de Chartres, par Gamaches, Gaucourt et d’illiers. Plus tard, il est au siège de St-Germain-en-Laye, puis à celui de La Roche-Guyon avec les sires de Tilly et de Blainville.
Plus tard, on voit un Jean des Acres, seigneur de la Barberie, à Neuville, en Normandie, qui se marie en 1491.
Ce Jean des Acres a un fils, seigneur de la Barberie et de Villeneuve, qui devient, en 1520, seigneur de St-Pierre de Chenonville, par son mariage avec l’héritière de ce riche domaine.
Son second fils, Florentin, mourut en 1557 laissant plusieurs enfants. L’aîné de ceux-ci, Sébastien des Acres, acquit la baronnie de l’Aigle par son mariage, en 1587, avec Marie d’Aubray, fille aînée de Nicolas d’Aubray, baron de l’Aigle.
De cette époque la famille conserva le nom « des Acres de l’Aigle ».
Au XVII siècle, la famille des Acres de l’Aigle était une des plus en vue de la Normandie. Louis XIII vint l’y visiter en juillet 1620, ainsi qu’il appert de la « Véritable relation de ce qui s’est passé de jour en jour au voyage du Roy. »
Nicolas des Acres de l’Aigle, fils de Sébastien, mourut en 1628 au siège de La Rochelle. La seigneurie fut érigée en marquisat, en 1653, en faveur de son fils aîné, jacques des Acres de l’Aigle.
Le fils de ce dernier, Louis, épousa Marie-Charlotte de Lancy, fille du marquis de Paray, et mourut en 1713. Saint-Simon mentionne ainsi son décès :

La rue des Acres (photo SHC)

« Je regrettai un de mes voisins de La Ferté, le mari de Mme de l’Aigle, dame donneur de Madame la Duchesse, tous deux fort des amis de mon père et des miens. Je n’ai guère connu un couple d’autant d’esprit, de politesse, mieux instruit de tout et plus capable d’amitié. M. de l’Aigle, accablé d’infirmités, s’étant retiré depuis plusieurs années chez lui à Laigle d’où il ne sortoit plus. C’est un des plus beaux et des plus complets marquisats qu’il y ait en France… il y mourut à 75 ans, tout à lui, n’ayant rien perdu de sa tête ni des agréments de sa conversation. »
Un descendant de ce marquis, Louis des Acres de l’Aigle, le comte Louis-Gabriel, mort sur l’échafaud le 18 ventôse an II, laissa deux fils, Louis-Espérance et Victor, qui, pendant la Révolution devinrent des citoyens Desacres, nom sous lequel ils se fixèrent à Tracy en frimaire an V. Le 2 jour complémentaire de l’an VII, les citoyens Desacres étaient arrêtés et incarcérés à la maison d’arrêt de Compiègne, mais peu après ils étaient libérés. Le gouvernement consulaire nomma le citoyen Descacres l’aîné conseiller d’arrondissement et, en l’an X, le désigna pour présider l’assemblée des citoyens du canton de Ribécourt. Plus tard, les deux frères reprient leur nom de Des Acres de l’Aigle.
L’aîné, Espérance, était le grand-père du marquis Robert de l’Aigle, qui fut député de l’Oise de 1885 à 1893 et conseiller général de Ribécourt de 1876 à 1913, et l’arrière-grand-père du marquis Charles de l’Aigle, qui fut également député et conseiller général de l’Oise.
Le second, Victor des Acres de l’Aigle, maréchal de camp inspecteur de cavalerie, fut conseiller général de l’Oise de 1819 à 1830, maire de Tracy le Val, et député de l’Oise de 1824 à 1830. il mourut à Tracy-le-Val le 27 août 1867, dans sa 101 année.

Jacques Mermet, tiré de “nos rues ont une histoire“.

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