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Au XIII siècle, le commerce de l’argent, les opérations de basique, d’échanges et de prêts sur gages étaient exercés en France par des Juifs ou par des Lombards. Lorsqu’on 1308, Philippe le Bel eut chassé les Juifs du royaume, les Lombards continuèrent seuls le monopole des opérations financières, Philippe le Bel ayant été excommunié par Boniface VIII, il convoqua les trois états du royaume à Paris, et dans une assise solennelle, l’Assemblée décida que le royaume de France ne relevait que de Dieu. Les habitants de Compiègne envoyèrent au roi, le 25 juillet 1303, une adhésion à cette résolution. Cet acte important était revêtu du sceau de la ville qui était « à trois fleurs de lys », le contre-sceau portait une « fleur de lys accostée en chef de deux croissants » avec ces mots en lettres gothiques : « Constitutio régis ». Pour s’établir en France, les Lombards devaient être autorisés par une ordonnance royale; l’autorité leur faisait payer fort cher le droit de s’installer dans les villes, et leur fixait un temps de séjour déterminé après lequel ils devaient obtenir une nouvelle autorisation, moyennant un nouvel impôt.
Les Lombards s’établirent de bonne heure à Compiègne ; deux d’entre aux, autorisés par lettres patentes de Philippe VI, vinrent fixer leurs demeures près de la vieille porte de Pierrefonds, non loin de la place du Change, où se traitaient les affaires commerciales, et  donnèrent ainsi leur nom à la rue des Lombards qui prenant naissance à la rue des Cordeliers, s’étendait jusqu’à l’ancienne rue des Prisons, près de la halle à la viande.
D’autres lettres de Charles VI, de 1392, renouvelèrent les privilèges des Lombards en les autorisant à demeurer quinze années à Compiègne pour y faire le commerce et prêter de l’argent, moyennant deux cents francs d’or payés au trésor royal. Ils eurent, à ce prix, le droit de tirer huit sols et sept deniers d’intérêt par livre, c’est-à dire quelque chose comme quarante pour cent au taux où se trouvait alors l’argent. Ils étaient justiciables du trésorier de France résidant à Paris ; toutefois s’ils commettaient quelques méfaits, ils étaient condamnés à une amende de dix livres tournois et au-dessus, mais « en cas de mort, de feu bouté, trahison, enforcement de femmes, affolures d’hommes, larcins, trêves enfreintes », ils étaient poursuivis devant la justice royale.
La rue des Lombards était, jadis, divisée en trois parties : 1) depuis la rue Magenta jusqu’à la rue Saint-Martin, elle s’appelait rue du Plat-d’Etain ; 2) jusqu’à la halle : rue de l’Etoire ; 3) jusqu’à la place du Change : rue des Prisons. En 1315, elle s’appela rue des Forges à cause de l’Hôtel des Monnaies qui s’y trouvait; en 1720, ce fut la rue du Porc-Epic. Comme dans toutes les rues de Compiègne, il y avait, dans la rue des Lombards, un grand nombre d’hôtels. L’hôtel du Lion d’Argent ou hôtel du Temple où, le jour de la Pentecôte de l’an 1671, on amena un gentilhomme du Bois-d’Agneux, Claude de Langlantier, qui avait été grièvement blessé en duel. Après avoir reçu les derniers sacrements, de Jean Geoffroy, curé de St-Antoine, le blessé expira. Près de l’hôtel du Lion d’Argent, se trouvait l’échoppe d’un écrivain public portant pour enseigne : « Au tombeau des secrets ». Le major Guillemin y logeait et y reçut, le 2 avril 1814, l’officier prussien venu lui demander de rendre la ville.
L’hôtel de Sainte-Barbe se trouvait au coin de la rue des Cordeliers, l’hôtel des Monnaies formant l’autre angle. Il avait été établi par Dagobert qui en avait confié l’administration à Saint-Eloi. Il fut supprimé par Louis-le-Gros, rétabli par Henri III en 1589. Après sa mort, l’atelier fut transféré au château.
A côté se trouvait -l’hôtel du Porc Epic, représentant les insignes de l’ordre du Porc Epic institué en 1303 par le duc Louis d’Orléans à l’occasion du baptême de son fils Charles. L’ordre fut aboli par Louis XII.

La maison de la Vieille Cassine (photo Schryve)

La Vieille Cassine, curieuse maison en bois hourdée, surmontée d’un étage en encorbellement, a conservé son architecture ancienne. Elle était, au XVIII siècle, la demeure d’un maître du pont, chef d’une corporation appelée les Compagnons de l’Arche qui servaient de pilotes pour diriger les bateaux sous le vieux pont.
L’hôtel du Cœur Navré (n° 2 actuel) avait une enseigne représentant la grimace d’un plaideur venant de perdre son procès. Il se trouvait près de l’hôtel des Prisons où se trouvait l’auditoire du roi. En face était l’hôtel Saint-Crépin faisant le coin de la rue qui mène aux Changes à la Porte de Pierrefonds. Il y avait encore l’hôtel de l’Ermite, l’hôtel
Lardé occupe en 1342 par Gérard Lardé, l’hôtel du Crampon qui faisait face à la rue du Porc-Epic et appartenait en 1722 à Pierre Dubuissoire ; à côté l’hôtel de l’Etoile ou du Grand Cerf était tenu en 1635 par Nicolas Lucoux, en 1640, par Pierre Charmolue, en 1682 par Marie Veron ; enfin, l’hôtel du Plat d’Etain qui appartenait en 1575 à Lau­rent Dehory, en 1769 à François Gaillard lequel fut chargé de l’expertise de vins gâtés fournis par Augustin Blanchet. Le 5 juillet 1721, Gaillard est condamné à 51 sous d’amende pour avoir acheté une cage à poulets sur le marché avant 8 h. du matin. Le 15 juin 1723, à 60 sous pour avoir par négligence causé le feu dans la cheminée de sa cuisine, et le 16 mai 1724 pour avoir pénétré sur le marché aux volailles avant l’heure fixée par les ordonnances et insulté plusieurs personnes. Il y avait enfin l’hôtel du Cardinal qui avait Richelieu pour enseigne.
Par Jacques Mermet, tiré de “nos rues ont une histoire”

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