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La rue Eugène-Floquet s’appelait au XVIème siècle, rue de la Porte-Ruge, du nom d’un hôtel dont l’entrée était peinte en rouge ; plus tard elle prit le nom de rue du Chat-qui-Tourne, d’un hôtel dont l’enseigne représentait un chat faisant rôtir un poulet à la broche. Devenue rue de la Loi, en 1792, elle retrouva ensuite son nom si pittoresque du Chat-qui-Tourne. En octobre 1866, le conseil municipal décida de l’appeler prosaïquement rue de la Mairie, mais « le Progrès de l’Oise» protesta contre ce changement et le vieux nom fut conservé pour quelques années encore. Le 7 mars 1872, on décida de donner à cette voie le nom de rue Eugène-Floquet, en souvenir d’un administrateur éminent qui fut l’un des grands maires de Compiègne. En 1645, l’hôtel du Chat-qui-Tourne fut vendu à Pierre Vinart par Girardin Degouy, qui le tenait de Jean de Jouvenanes.
Sous Henri IV, l’hôtel du Chat-qui-Tourne était tenu par Jean Allegrin. On y logea en 1597, Antoinette Brienne se disant femme de Nicolas Rohault, que l’on avait fait venir de Caen pour servir de témoin dans les procès des frères Pierre et Nico­las Rohault soupçonnés d’avoir conspiré contre la sûreté .de la ville et du roi.
Le Chat-qui-Tourne appartenait en 1665 à François Mondherry et Fran­çoise Saiget, son épouse. Pour s’agrandir, ils louèrent une maison voisine appartenant à Claude Loisel et tenant à l’hôtel du Chapeau-Vert qui faisait le coin de la rue de la Heuse (aujourd’hui Lili B. et rue des Pâtissiers).
Plus tard l’hôtellerie fut possédée par Marie-Jeanne Claire Tournemeule, épouse de Maxime Lom-bard-Coursel, officier de « Monsieur » frère du roi, puis par Claude Baranger et Marie-Jeanne Pierron, son épouse. Au début du XIXème siècle, il appartint à Pierre Carré et Marie-Adelaïde-Victoire Débraine, sa femme ; celle-ci étant morte en 1828, l’hôtel fut vendu à la requête de son mari et adjugé le 28 septembre 1828 à J.-B. Lambin, aubergiste et Marie-Louise Turgis, son épouse. Sous Louis-Philippe, l’hôtel du Chat-qui-Tourne était devenu l’hôtel de la Couronne. Il s’y tint en 1847 un des grands banquets réformistes qui s’organisaient dans toute la France. L’hôtel devint ensuite l’Hô-tel-de-France, nom qu’il porte depuis.

Dans une annonce de vente, l’hôtel du Chat-qui-Tourne était ainsi désigné : « Une grande maison formant le siège d’une auberge bien connue et bien achalandée depuis plus de 30 ans, ayant pour enseigne le Chat-qui-Tourne, dans la rue du Chat-qui-Tourne, au centre de la ville, dans un endroit très passager et à proximité des marchés. Cette maison qui a entrée par une porte cochère, consiste en plusieurs bâtiments d’habitation distribués pour l’usage d’une auberge, écurie pour 40 chevaux, greniers, 3 cours, remises, bûchers, puits et latrines, caves pour 100 pièces de vin ».

La rue Eugène Floquet (photo SHC)

Rue du Chat-qui-Tourne se trouvait l’étude de M. Antoine-Rémy Viet qui fut maire de Compiègne et conseiller général de l’Oise sous la IIème République. La maison voisine qui portait le numéro 139 avait appartenu à Catherine Perrint, veuve de Philippe-Jacques Mouton, entrepreneur de bâtiments et à Joseph-Marie Possoz, négociant à Saint-Quentin et Marie-Anne Noir, sa femme. Cette maison fut vendue le 14 novembre 1824 par Antoine-Marie Possoz, négociant à Jean Veissière, marchand de draps, et Thérèse-Restitue Fillion, son épouse. Dans cette rue se trouvait également l’hôtel du Cheval Blanc. L’hôtel de la Porte-Rouge était habité au XVIème siècle par Jacques Charmolue. Le 27 juillet 1624, il fut vendu par les héritiers d’Henri Charmolue, lieutenant civil de Noyon au roi Louis XIII pour l’établissement du couvent des dames de Sainte-Perrine qui y furent installées le 14 janvier 1626 par Simon Legras, évêque de Soissons. En 1649 ces religieuses furent remplacées par les Visitandines que la reine Anne d’Autriche avait fait venir de Paris
A la suite du l’installation du couvent de la Visitation de Sainte-Marie, le nom de rue Sainte-Marie fut donné à la rue du Chat-qui-Tourne mais la population continua à l’appeler de son ancien nom. Le couvent des religieuses de la Visitation ayant été supprimé à la révolution, les bâtiments servirent de lieu de détention. Les carmélites de Compiègne y furent enfermées avant d’être envoyées devant le tribunal révolutionnaire de Paris. Cet immeuble servit également au logement des troupes. L’hôtel de la Porte-Rouge fut vendu le 4 ventôse an IV comme bien national. La chapelle qui avait servi de salle de séances des clubs révolutionnaires puis de salle de bal public fut démolie. Sur son emplacement fut percée la rue du Salut-Public qui devint la rue Sainte-Marie actuelle. Comme nous l’avons dit plus haut, en 1872, la rue du Chat-qui-Tourne devient rue Eugène-Floquet. Né à Saint-Quentin, le 27 mai 1815, Michel-Eugène-Léon Floquet était venu à Compiègne reprendre l’étude de M Labarre, notaire. En 1846, il était élu conseiller municipal de la section Nord, et, en 1851, il était nommé maire provisoire en remplacement de M. Viet, révoqué à la suite du coup d’Etat du 2 décembre. Le 15 août 1863, M. Eugène Flo­quet était nommé maire de Compiègne en remplacement de M. Arachequesne. Il était conseiller général de l’Oise depuis le 8 août 1852 ; il exerça ses fonctions jusqu’a sa mort survenue au début de janvier 1872, en son domicile, 17, rue des Minimes.
Au cours de son administration municipale, M. Eugène Floquet avait réalisé l’installation du service des eaux, d’importantes restaurations à l’Hôtel-de-Ville, l’installation du gymnase à l’ancienne église des Minimes, l’agrandissement du collège, l’aménagement de la place Saint-Jacques, l’amélioration de la voirie, etc… Il s’était signalé par son dévouement pendant l’occupation allemande de 1870-1871. M. Eugène Floquet était le beau-père de M. de Maintenant, qui fut président du tribunal civil de Compiègne de 1896 à 1903.
Par Jacques Mermet, tiré de “nos rues ont une histoire”

 

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