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La chapelle Saint-Nicolas (photo Office de tourisme)

Dès l’origine existait en ces lieux une chapelle. Elle fut entièrement reconstruite et ornée dans le premiers tiers du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIII. Sauvée de la démolition lors de la suppression de l’hôtel-Dieu grâce à l’intervention de la Société historique de Compiègne, elle appartient aujourd’hui, comme l’ensemble des bâtiments, à la Ville de Compiègne. Elle ouvre sur la rue Saint-Nicolas par une porte en chêne d’époque Louis XIII restaurée il y a une trentaine d’années par la Sauvegarde de Compiègne. Son principal ornement reste l’admirable retable monumental en bois sculpté des années 1630-1640, typique du baroque français si répandu alors dans les églises parisiennes. Il porte le monogramme de Louise Legras, prieure de 1627 à 1645, et des membres de sa famille, tel son frère Simon, abbé de Saint-Corneille et évêque de Soissons ; on voyait même dit-on, jusqu’en 1892, les armes de la reine Marie de Médicis qui aurait favorisé son érection dans la chapelle. A trois étages, il abrite plusieurs statues : Dieu le Père au sommet, tend les bras vers la Vierge montant au ciel entourée d’anges, au niveau inférieur se reconnaissent de gauche à droite saint Louis portant la couronne d’épines, saint Nicolas, saint Augustin et sainte Marie Madeleine.

Sur l’autel, repose un splendide tabernacle en bois doré, récemment restauré, contemporain du retable. Toutes les parties de ce meuble précieux sont très finement sculptés, relevé de subtiles dorures aux fonds diversement travaillés. On reconnaît, au centre, l’image du Christ mort soutenu par un ange, sur les côtés, l’Annonciation et l’Adoration de l’Enfant. Les niches abritent plusieurs effigies de saints qui ont perdu hélas leurs attributs mais on reconnaît au moins saint Jean-Baptiste, sinon saint Pierre et saint Paul. Des anges volant surmontent l’ensemble d’un style baroque de la plus haute qualité. Comme pour le retable lui-même, nul doute que les Legras n’aient mis à contribution les meilleurs artistes du Paris de Louis XIII.

Au centre du retable, une Présentation de la Vierge au Temple est due au pinceau de Nicolas Chaperon, élève de Simon Vouet, alors âgé de 27 ans, et datée 1639. Cette toile est construite sur une grande diagonale qui sépare les spectateurs des personnages saints et lie en même temps le monde terrestre des participants au monde céleste. Elle offre une mise en scène savante, caractéristique de la “grande manière” de son maître, Simon Vouet, tout comme la richesse des architectures monumentales et les types réalistes des figures, campées avec autorité. L’épisode qu’il décrit est emprunté à un évangile dit apocryphe, c’est-à-dire abusivement attribué à l’apôtre Jacques, relatant comment la Vierge aurait été conduite au Temple de Jérusalem par ses parents, Joachim et Anne, pour être consacrée à Dieu. Accueillie par le grand prêtre, Zacharie, qui sera son tuteur, elle aurait vécu douze ans dans le Saint des Saints. Le modello, c’est-à-dire l’esquisse de ce tableau, est conservé au musée de Houston et le musée des beaux-arts de Rennes en possède une réplique de petite taille. Une eau-forte d’Henri Picquot, de 1640, a permis la diffusion de cette composition. Ainsi un deuxième état de cette estampe a-t-il été copié par Jean Séjourné, maître peintre à Provins, entre 1660 et 1663, pour le maître-autel de l’église Saint-Georges de Chalautre-la-Grande (Seine-et-Marne).

A gauche du retable, la boiserie qui court le long du mur abrite une très belle Déploration du Christ mort au pied de la Croix, due au pinceau d’un autre élève de Simon Vouet qui n’a pu encore être identifié. Au-dessus de la tribune un grand tableau montre La Charité par Charles Landelle, œuvre commandée au peintre par Antoine Vivenel en 1843 et provisoirement déposée par le musée Antoine Vivenel.

Texte d’Eric Blanchegorge

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