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Journal du 18 septembre 1901

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Journal du 18 septembre 1901 :
Lire pages 1 et 2 :
tout les détails de la visite du Tsar et ses conséquences sur la vie locale

Le contexte historique

La France, défaite en 1870, n’accepte pas l’amputation de l’Alsace-Lorraine et rêve de la « revanche ». Bismarck avait réussi à maintenir le pays isolé, mais en 1890, Guillaume II choisit l’alliance de l’Autriche-Hongrie contre celle de la Russie. La nouvelle politique de Guillaume II, la rivalité austro-russe dans les Balkans, et le besoin de capitaux, les fameux emprunts russes, poussent la Russie du tsar Alexandre III à un rapprochement franco-russe en 1891. C’est pour la France la fin de l’isolement. La visite d’une escadre française à Cronstadt, en juillet 1891, puis celle d’une escadre russe à Toulon, en octobre 1893, provoquent un enthousiasme réciproque. Un projet de convention militaire, signé en août 1892, est entériné en décembre 1893.
Les visites du tsar Nicolas II en France Fidèle à la politique de son père, le tsar Nicolas II vient en France dès octobre 1896 et visite Cherbourg, Paris et le camp de Châlons. Puis, quand Nicolas II accepte l’invitation de l’empereur Guillaume II à assister à une revue de la marine allemande, la France obtient elle aussi la venue du tsar. Le couple impérial se rend donc en France du 19 au 21 septembre 1901. Trois étapes sont prévues : Dunkerque, Compiègne et Reims ; les souverains repartant ensuite à Darmstadt, patrie de la tsarine, née Alice de Hesse.
Le choix de Compiègne s’explique par sa situation non loin de Reims et à proximité de Paris; le président de la République, Emile Loubet, grand chasseur et connaissant à ce titre le palais de Compiègne, l’estime seul digne d’abriter ses invités. Abandonné depuis 1870, le château est en partie démeublé et il faut tout réaménager. L’électricité est fournie à partir de machines installées « À tous les diables » (faubourg de la Porte-Chapelle). La sécurité est assurée par une nuée d’agents. Les appartements de l’empereur sont affectés au Tsar et ceux de l’Impératrice à la Tsarine, tandis que leur suite loge dans l’appartement de Marie-Antoinette. Le président Loubet et les ministres sont logés dans d’autres parties du château.
Le mercredi 18 septembre, le Tsar et la Tsarine arrivent à Dunkerque où ils sont accueillis par Emile Loubet, Armand Fallières, président du Sénat, Paul Deschanel, président de la Chambre des députés, Waldeck-Rousseau, président du Conseil, et Delcassé, ministre des Affaires étrangères. L’escadre française est passée en revue.
À Compiègne, 20 000 visiteurs venus par des trains spéciaux se pressent, sans compter les 11 000 hommes de troupe qui, alignés le long des trottoirs, contiennent la foule ou escortent le cortège officiel. Le mauvais temps provoque un grand retard et le train présidentiel, n’arrive à la gare de Compiègne qu’à huit heures du soir. Alphonse Chovet, maire de Compiègne accueille les souverains et offre à l’Impératrice un bouquet de bruyères de la forêt, dans un vase en argent massif. Des landaus conduisent les personnalités au château. Mesdames Loubet, Waldeck-Rousseau et Delcassé accompagnent la Tsarine et Emile Loubet le Tsar, jusqu’à leurs appartements respectifs.
Le jeudi 19, les invités, sauf les dames, partent pour Reims assister à de grandes manœuvres puis visiter la cathédrale, et ne reviennent à Compiègne que pour le dîner.
Le vendredi 20 se passe tout entier à Compiègne. Les souverains se promènent à pied dans le parc, déjeunent dans l’intimité et reçoivent en audience ; suivent une visite en voiture du Grand Parc puis le baptême du petit-fils du marquis de Montebello — ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg — dont le Tsar a accepté d’être le parrain. Ce même après-midi, Loubet et Waldeck-Rousseau se rendent à l’hôtel de ville où le maire leur montre la charte de commune, octroyée en 1153. La journée s’achève avec un fastueux dîner dans la galerie de bal puis une représentation au Petit Théâtre aménagé par Louis-Philippe : Julia Bartet y dit une pièce en vers d’Edmond Ros­tand et on y joue du Musset, « Il ne faut jurer de rien ».
Le samedi 21 au matin, les souverains et leurs hôtes quittent définitivement Compiègne afin d’assister à la revue militaire de Bétheny, près de Reims.
Ce séjour des souverains russes redonne de l’éclat au château de Compiègne. Le successeur de Cho­vet à la mairie, le banquier Gournay, invité pour la commémoration du bicentenaire de la fondation de Saint-Pétersbourg en mai et juin 1903, sera reçu par le Tsar.
Après une vaine tentative de Guillaume II pour briser l’alliance franco-russe (traité de Bjorkö, juillet 1905), la diplomatie française réussit à rapprocher l’Angleterre et la Russie (convention anglo-russe du 31 août 1907). L’alliance franco-russe et l’Entente cordiale franco-britannique aboutirent ainsi à la Triple Entente, opposée à la Triple-Alliance ou Triplice (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) jusqu’en 1914 ; la victoire de la Marne fut alors permise par l’offensive russe en Prusse orientale.
C’est au château de Compiègne, qu’en septembre 2006 se rencontrèrent : le président Jacques Chirac, Angela Merkel, chancelière allemande, Vladimir Poutine, chef du gouvernement russe.

Texte de François Callais, tiré de “Mémoire de Compiègne”, ed. J. Marseille

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