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Journal du 8 mai 1935 : Le lendemain des élections municipales

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Journal du 8 mai 1935 :
Lire page 1 :
les adieux du Maire sortant, Fournier Sarlovèze, l’article de J. Mermet commentant le déroulement des élections et l’oeuvre de Fournier Sarlovèze

Le contexte historique

Le Maire de Compiègne,Fournier-Sarlovèze, mobilisé en 1914, avait été suppléé à la mairie par ses adjoints : le baron Henri de Seroux qui fit face aux Allemands, et Hector Martin. Lorsqu’il reprend en main sa mairie, avec l’aide de ses nouveaux adjoints, Couttolenc et le docteur Théry, il s’efforce de donner à tous les moyens de réparer, reconstruire et travailler. Le service public des régions libérées, installé au château, instruit les dossiers de dommages de guerre. Un plan de reconstruction et d’urbanisme est mis au point. L’ancien Hôtel-Dieu Saint-Nicolas est restauré, la Grosse Tour du Roi dégagée, le cloître Saint-Corneille enfin récupéré sur l’armée, la banque de France reconstruite sur la place du Château et le nouveau pont achevé en 1926. L’extension, en partie de maisons modestes, se poursuit jusqu’au boulevard Gambetta ainsi que dans les faubourgs de la Porte-Chapelle et Saint-Germain, à côté de lotissements bourgeois en lisière de forêt.
Fournier-Sarlovèze est plein de projets, mais certains sont trop audacieux. Il prévoit la création d’une zone industrielle dans la plaine de Choisy, des logements aux Sablons, l’annexion par la ville des champs de manœuvre. .. tout ceci ne se réalisera que beaucoup plus tard. Il prévoit aussi un inacceptable lotissement de luxe dans le Grand Parc, afin de contourner l’obstacle du château qui gêne le développement de la ville. Si les avenues et le Grand Canal, siège du port de plaisance, sont réunis au domaine de la ville en 1933, le château repousse les projets d’hôtel des Invalides et d’université anglaise.
Compiègne, résidence cynégétique, hippique et sportive, est de plus en plus concurrencée par des sites plus dépaysants. L’aristocratie, nourricière de l’économie, s’appauvrit et se disperse. La colonie étrangère se fait rare et l’église anglicane de l’avenue Thiers n’a plus qu’un service mensuel.
Fournier-Sarlovèze qui incarne la droite sociale catholique développe un réseau d’œuvres d’assistance : le dispensaire-école de la Croix-Rouge s’installe dans l’hôtel d’Artois, 16, rue le Féron, l’ancien pensionnat des sœurs de Saint-Joseph de Cluny est transformé en hôpital chirurgical, un préventorium ouvre à La Faisanderie, l’hôpital général s’agrandit et la Fondation Debruxelles s’établit au faubourg de la Porte-Chapelle.
Plusieurs sociétés maintiennent une activité mondaine ou culturelle : Cercle compiégnois, Amis des arts (salons annuels), Amis de Compiègne (conférences au château), Société historique (de Bonnault d’Houët à Carolus Barré père). Si l’Union sociale, puis artistique présente des spectacles d’amateurs, le Studio, fondé par Gaston Briet-Daubigny, sélectionne ce qu’offre de mieux la capitale. Les annuelles Fêtes du muguet cohabitent, depuis 1922, avec les extraordinaires Fêtes de Jeanne d’Arc; celle de 1930, minutieusement préparée dans la demeure même du maire au château des Sablons, est reprise en 1935 alors même que celui qui semble l’immuable souverain de Compiègne vient d’être renversé. Un trop long règne avait accumulé lassitudes, rancunes et ambitions déçues.
La chute et la succession.
La Droite catholique se divise, suite à la querelle de l’Action Française. Le malaise économique, croissant depuis 1931, a peut-être aussi joué un rôle. Mais d’autres facteurs sont plus décisifs : il y a l’apparition entre Le Progrès de l’Oise, fidèle soutien du maire, et La Gazette de l’Oise, radical-socialiste, combative lors des élections législatives, d’un troisième larron, Le Messager de l’Oise qui s’en prend au secrétaire général de la mairie, Gabriel Trouvé, qualifié d’éminence grise de Fournier-Sarlovèze.
La conjoncture politique, favorable à la formule du Front Populaire –qui manifesta son unité à Paris le 14 juillet 1935- permet sans doute aux socialistes et même aux communistes de voter pour une liste compiégnoise où le radicalisme représente l’extrême gauche ; on y trouve même des proches de l’Action Française. Cette coalition si hétérogène a besoin d’un champion afin de l’emporter dans cette cité essentiellement bourgeoise, et c’est le baron de Rothschild. Fondé de pouvoir de banque, jusque-là maire d’Auffargis (Seine et Oise), chassant depuis 1922 en forêt de Compiègne, il ne s’inscrit sur les listes électorales de Compiègne qu’en 1935. Sa liste l’emporte et le mouvement vers la gauche s’accentue aux élections législatives.
La municipalité Rothschild poursuit en fait l’œuvre de Fournier-Sarlovèze et lui rend hommage à sa mort, en juillet 1937, mais elle n’a guère le temps de faire ses preuves, une autre guerre menace et va à nouveau tout bouleverser.

Texte de F. Callais, extrait de “Mémoire de Compiègne”, ed. J. Marseille

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