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Journal du 23 octobre 1847 : L'inauguration de la gare de CompiègneCe que vous découvrirez dans ce journal
– Voir page 2 colonne 2 : Revue départementale – Compiègne, l’article sur l’arrivée du chemin de fer et le récit de l’inauguration
– Voir page 4, colonnes 4 et 5 : l’horaire des bateaux à vapeur de l’Oise et l’Aisne
Le contexte historique
Compiègne, depuis le moyen-âge a toujours été un noeud de communication. La ville n’a pas attendu le chemin de fer pour connaître un intense trafic. Matières premières et produits industriels (charbon, fer, laine), mais aussi denrées agricoles (blé, pommes de terre, sucre), s’y échangent activement. Soit par la route, puisqu’à Compiègne passent trois nationales. Soit par voie d’eau, puisque l’Oise est navigable, et l’Aisne canalisée depuis 1841. Il y a même plusieurs ports : à bois, à plâtre, et à vin. Et depuis 1838, deux bateaux à vapeur desservent Le Pecq et Soissons.
Mais s’il faut six heures à une voiture rapide pour rallier Compiègne, deux ou trois seulement suffisent à un train. C’est dire que la Compagnie du chemin de fer du Nord, constituée à l’initiative de James de Rothschild, est vite florissante. Bonne affaire que l’adjudication qu’elle a emportée en 1845 : la mise en place des infrastructures relève de l’État (terrassement, ouvrages d’art) ; la compagnie, elle, met en exploitation les lignes de Paris à Bruxelles, et de Paris à Saint-Quentin. Elles relient donc des régions très urbanisées, très développées, à l’échelle nationale et européenne.
L’attente des actionnaires ne sera pas déçue : le Second Empire est l’époque des beaux dividendes. Ils doublent de 1851 à 1859, alors que les voies n’augmentent que de moitié. Napoléon III n’y est d’ailleurs pas étranger. Depuis 1850 se multiplient les « trains de plaisir » qui déversent à Compiègne les Parisiens en goguette. Or, plus les séjours de la Cour se prolongent, plus la foule gonfle, En 1869 par exemple, la Cour séjourne soixante-neuf jours au palais, et le roi de Prusse y est reçu. Cette année-là, 125 000 voyageurs font le déplacement.
Compiègne, grâce à Napoléon III et aux Séries, renoue donc avec les heures fastes de l’Ancien Régime. La présence de la Cour est un honneur. C’est aussi un pactole.
Texte d’Eric Georgin,extrait de “Mémoire de Compiègne”, ed. J. Marseille